Un jeune homme en colère by Salim Bachi
2019; American Association of Teachers of French; Volume: 92; Issue: 4 Linguagem: Francês
10.1353/tfr.2019.0321
ISSN2329-7131
Autores Tópico(s)Psychoanalysis and Psychopathology Research
ResumoReviewed by: Un jeune homme en colère by Salim Bachi Lydia Belatèche Bachi, Salim. Un jeune homme en colère. Gallimard, 2018. ISBN 978-2-07-272710-8. Pp. 208. Tristan est un khâgneux de 18 ans, qui a été témoin de la mort de sa petite sœur, Eurydice, 16 ans, lors des attentats du 13 novembre 2015 au Bataclan à Paris. Le titre de ce roman exprime l'angoisse perpétuelle d'une jeunesse pour qui le terrorisme est devenu une réalité concrète. Bachi rend hommage à "L'attrape-cœurs de Salinger, un livre franchement con et geignard sur un jeune homme en colère" (46). Le roman de Bachi, comme celui de Salinger d'ailleurs, est un trésor du langage familier surtout quand il s'agit de placer les gens dans certaines catégories: les écrivains sont "les vieux cons comme papa" (15), les bobos sont "de foutus cannibales" (19) et "[l]es plus belles [End Page 228] filles sont souvent d'insupportables garces" (30). Charles-Henri, qui fait ses études à l'École des beaux-arts "est un mec imbuvable dans son genre" (89) et le narrateur avoue: "j'en ai ma claque de ces types qui infestent Paris et se croient importants parce qu'ils sont les descendants d'un illustre imbécile" (91). Les Parisiens, en général, font partie d'un "réseau des dingos de Paris, la ville monde connectée à la folie" (96). La mythologie s'entremêle à la vie contemporaine et accentue la beauté de ce roman. Tristan agit "tel Orphée, armé de [sa] seule lyre" (177) en imaginant le sauvetage d'Eurydice après sa mort. Lorsqu'il erre dans les rues de Paris, il pense à "une version originale d'Ulysse" (165) que possède son père. Tristan partage la lecture de l'Iliade et de l'Odyssée avec sa sœur. Le refrain "Depuis la mort d'Eurydice" est comme une sorte de chorale grecque qui accompagne le narrateur à travers toutes les rencontres avec ses "pseudo-amis" (182). À trois reprises, la technique du flux de conscience permet à la légende d'envahir le roman: au zoo de Vincennes où les animaux sont "beaux comme des dieux velus" (58–59), "vers la montagne Sainte-Geneviève où professait jadis ce vieux fou d'Abélard" en compagnie de "la belle Héloïse" (67) et, finalement, au cimetière de Montmartre où le narrateur indique qu'il "vi[t] défiler à toute allure" de nombreux souvenirs (196–98). Eurydice fait elle aussi partie d'une légende médiévale: "Ma belle Iseult chantait à présent" (196). Une épigraphe permet au lecteur d'analyser la différence entre la plainte et le chagrin, tout en évoquant la jeunesse décrite par Godard dans son film À bout de souffle (dialogue entre Patricia et Michel): "Entre le chagrin et le néant, je choisis le chagrin" (William Faulkner). Pour apaiser son chagrin, Tristan a souvent recours aux romans, notamment Zazie dans le métro, "un chouette bouquin que personne ne lit plus" (29), aux peintures (La vierge à la chaise de Raphaël) et aux ouvrages philosophiques (La république de Platon). Est-ce que Tristan est vraiment "Un râleur qui se trouve toujours des excuses pour ne pas agir" (193), comme le suggère Audrey, sa meilleure amie? La voix de Tristan, ainsi que celle de Holden, est une voix que la jeunesse reconnaît: "Je tiens à mon cynisme" (51), assure-t-il. Lydia Belatèche University of Minnesota Copyright © 2019 American Association of Teachers of French
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