Artigo Revisado por pares

Mon frère réal. by Julien Abrahamr

2020; American Association of Teachers of French; Volume: 93; Issue: 3 Linguagem: Francês

10.1353/tfr.2020.0223

ISSN

2329-7131

Autores

Cheira Lewis, Marius Conceatu,

Tópico(s)

Psychoanalysis and Psychopathology Research

Resumo

Reviewed by: Mon frère réal. by Julien Abrahamr Cheira Lewis and Marius Conceatu Abraham, Julien, réal. Mon frère. Int. MHD, Darren Muselet, Aïssa Maïga. Ex Nihilo, 2019. Teddy (MHD), élève en terminale, accusé de parricide pour avoir voulu protéger son petit frère contre leur père agressif, est envoyé dans un CEF (centre éducatif fermé) où il rejoint une douzaine de jeunes délinquants dans l'attente de leur jugement. On a beau lui dire, d'emblée, que ce n'est pas une prison, l'atmosphère est marquée par tous les poncifs du prison movie: intimidations, agressions, fanfaronnades, le code de l'honneur, le gardien faible et ridiculisé, le gardien redouté et respecté, l'évasion. Victime des attaques d'Enzo (Darren Muselet), le harceleur que personne n'aime, mais hésitant à s'enrôler dans le camp de Mo, la brute sadique dont tous convoitent la bienveillance, Teddy cherche la neutralité. Il a besoin de travailler ses propres angoisses, partagées avec le spectateur au moyen de flashbacks. Nous apprenons qu'il habitait avec son petit frère, Andy, et leur père abusif, que leur mère les avait quittés ou bien, comme l'observe l'assistante sociale, qu'elle avait peut-être fui la violence de son mari. Au CEF règne une violence viscérale, nourrie soit par des mécanismes psychologiques (les traumas du passé chez Enzo), soit par la loi de la jungle (Mo représentant la recherche du statut de mâle dominant et le besoin des autres d'obtenir sa protection). Pour se venger d'Enzo, ou peut-être par solidarité de race et de situation (la rencontre de Mo est révélatrice), Teddy rejoint brièvement le camp adverse avant de changer de cap. Assez brusquement, les vingt dernières minutes du film revisitent les tropes d'autres genres, le buddy movie et le road movie. Ces scènes filmées sur un ton léger, presque comique, sont censées restituer aux délinquants juvéniles la naïveté, l'espoir, la joie de vivre—toute leur enfance. Mon frère reste une étude sociale poignante dans la mesure où le réalisateur met en cause un système juridique et éducatif appelé à aider les mineurs à gérer les conséquences des actes de violence. On y trouve aussi la critique d'une société qui rend possible une agressivité déshumanisante et qui ne parvient pas à secourir les jeunes. Sur les deux plans narratifs, avant et après le meurtre du père, un téléphone portable déclenche le crime et, respectivement, y participe. Cet objet revêt alors une valeur symbolique, interrogeant l'importance qu'il peut avoir dans la vie sociale des adolescents. La chute du film arrive lorsque l'on avait deviné, au fur et à mesure, le clou de l'histoire. Le hurlement final de Teddy, qui fait pendant aux cris [End Page 233] gutturaux jaillissant au début d'un Enzo incapable de maîtriser ses démons, veut secouer les complaisances et sonner l'alarme pour l'avenir. Par coïncidence, après coup, l'illusion fictionnelle s'en trouve elle-aussi bouleversée. En effet, depuis janvier 2019, six mois avant la sortie officielle de Mon frère, l'excellent MHD (Mohammed Sylla, interprète de Teddy et coproducteur), étoile montante du hip-hop français, créateur apprécié du "afro-trap", a été placé en garde à vue et attend son procès dans une affaire où il est accusé d'avoir participé au meurtre d'un jeune homme à Paris, en 2018. Marius Conceatu Hampden-Sydney College (VA) Copyright © 2020 American Association of Teachers of French

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