Intoxication d’un garçon de 12 ans après automédication avec des graines d’harmal
2021; Elsevier BV; Volume: 33; Issue: 1 Linguagem: Francês
10.1016/j.toxac.2020.10.084
ISSN2352-0086
AutoresKatharina von Fabeck, Audrey Boulaméry, Susanna Davoust, Luc de Haro, B. Domangé, Mathieu Glaizal, Matthieu Petit, Julien Reynoard, Corinne Schmitt, Romain Torrents, N. Simon,
Tópico(s)Synthesis and Biological Evaluation
ResumoPeganum harmala, aussi appelé rue sauvage, est une plante herbacée vivace, à l'origine rencontrée dans les milieux semi-arides du bassin méditerranéen et en Asie centrale mais répandue aujourd'hui en Afrique, Amérique du Sud et Australie. Graines, feuilles et fleurs sont utilisées pendant des rites, pour leurs effets médicaux, comme drogues ou comme teinture des tapis. Les graines de Peganum harmala contiennent les alcaloïdes Harmine et Harmaline. Il s'agit d'inhibiteurs de la monoamine oxidase A qui potentialisent ou démasquent les effets psychoactifs de certaines drogues. Mélangées avec de la diméthyltryptamine (DMT, extrait de Psychotria Viridis) dans une infusion, elles sont utilisées en médecine traditionnelle [1], [2]. Nous décrivons un cas d'automédication survenu à Mayotte avec apparition d'effets indésirables ayant nécessité une prise en charge aux urgences. Pour traiter l'énurésie nocturne d'un garçon de 12 ans, ses parents ont préparé une infusion en mélangeant une poignée de graines d'harmal dans un litre d'eau. Le garçon a bu plusieurs gorgées le matin avant de partir à l'école. Arrivé sur place, il a présenté des nausées, des vomissements, une vision floue et un malaise avec perte de connaissance. Transporté aux urgences via le SAMU, l'examen clinique retrouvait une somnolence. La gazométrie montrait une acidose respiratoire avec hypercapnie (pH 7,27, pCO2 = 60 mmHg). L'ECG et le reste du bilan étaient normaux. Le médecin des urgences a contacté le centre antipoison de Marseille pour avis concernant la prise en charge. Une hydratation intraveineuse associée à une surveillance avec contrôle de la gazométrie et de l'ECG a été proposée. L'état clinique du garçon s'est amélioré après le traitement, le contrôle de la gazométrie dans l'après-midi se révélait normal ainsi que le deuxième ECG. L'enfant a pu regagner son domicile le jour même. Les parents ont utilisé les graines de Peganum harmala pour traiter l'énurésie nocturne de leur enfant. Or, la revue de la littérature n'a pas retrouvé l'énurésie nocturne comme indication de ce traitement. Au contraire, les inhibiteurs de la monoamine oxidase A harmine et harmaline provoquent l'effet opposé, soit une polyurie. Par ailleurs, les parents, non conscients des effets indésirables potentiels de leur traitement, n'ont pas surveillé leur enfant et l'ont envoyé à l'école où il a perdu connaissance. Le cas clinique illustre la dangerosité de l'automédication en médecine traditionnelle par des usagers n'ayant pas forcément les connaissances requises.
Referência(s)