Artigo Revisado por pares

La vie de famille par Patrick Roegiers

2020; American Association of Teachers of French; Volume: 94; Issue: 2 Linguagem: Francês

10.1353/tfr.2020.0329

ISSN

2329-7131

Autores

Véronique Anover,

Tópico(s)

Multiculturalism, Politics, Migration, Gender

Resumo

Reviewed by: La vie de famille par Patrick Roegiers Vèronique Anover Roegiers, Patrick. La vie de famille. Grasset, 2020. ISBN 78-2-246-81619-5. Pp. 178. En écrivant cet ouvrage autobiographique, le narrateur essaie-t-il de régler une dette avec ses parents? Ou alors leur inflige-t-il un règlement de comptes dans un écrit qui dénonce à haute voix le manque d'amour de leur part? S'agit-il d'une vengeance qui se mange froid? Ses parents étant tous deux décédés, et la prose libérée de toute contrainte, le narrateur vise-t-il à les faire ressusciter? À les dévoiler? À les condamner? Ou l'écriture joue-t-elle plutôt un rôle cathartique qui aboutit au rétablissement de soi? Autant de questions sans réponse définitive. Ce qui est clair, c'est que l'auteur souffre toujours du fait que ses parents, et surtout sa mère, ne l'ont pas aimé ou l'ont mal aimé. Que sont ces parents qui, le jour de l'anniversaire de leur fils, le mettent à la porte en pleine nuit? "Allô, la police? Pouvez-vous venir? Non, ce n'est pas un cambriolage. […] Il s'agit de flanquer notre fils à la porte. C'est son anniversaire. Tout juste vingt ans. C'est une surprise" (13). Ainsi expulsé, le fils est alors contraint d'évacuer les lieux, escorté par la police. Il ne s'en remettra jamais. Le plus triste, c'est que le fils aime ses parents: "J'aimais sincèrement mes parents et j'étais un bon fils" (16). C'est avec cette anecdote plutôt inédite que démarre la narration. Tout au long des chapitres, l'auteur trace avec précision le portrait des membres de sa famille, ses parents, ses deux frères et sa soeur, ainsi que les liens entre eux. Son père est "d'une banalité sans nom" (19) et sa mère a du sang de poisson dans les veines (29). Le couple est profondément malheureux, surtout la mère qui n'aime pratiquement personne d'autre que le fils aîné. D'ailleurs, la famille ne fait preuve d'aucune affection: "Ma mère nous a dressés à nous haïr les uns contre les autres" (63). Haine si bien nourrie que la famille finit par se désintégrer, en commençant par les parents qui divorcent et les enfants qui ne se voient plus et se parlent à peine. Le narrateur essaie de comprendre la cause de l'échec familial et la source de la cruauté maternelle. Il entreprend un travail d'introspection où il invoque des souvenirs souvent extrêmement douloureux dont le récit est très émotionnel. D'ailleurs, le narrateur ne ménage pas ses mots envers ses parents. Sa mémoire est tenace et il garde beaucoup de rancoeur. L'auteur utilise souvent des paradoxes—"on devient ce qu'on hait" (75), en parlant de la mère—ou des métaphores: "la cage aux fauves" (71), pour décrire ses parents lorsqu'ils se disputent. Cependant, alors qu'il voit la fin de sa propre vie approcher, il avoue à la fin qu'il a beaucoup appris en écrivant le récit, mais que bien qu'il espère ne plus avoir mal à [End Page 273] son enfance (173), on ne peut pas revenir en arrière. La vie de famille, c'est aussi la vie tout court, et la fin n'est pas toujours heureuse. Vèronique Anover California State University, San Marcos Copyright © 2020 American Association of Teachers of French

Referência(s)
Altmetric
PlumX