Dermatite du baigneur… en mer : description d’un cas de dermatozoonose parasitaire ubiquitaire
2021; Elsevier BV; Volume: 33; Issue: 1 Linguagem: Francês
10.1016/j.toxac.2020.10.058
ISSN2352-0086
AutoresEymeric Gomes, J. Bouteldja, Luc de Haro, Emmanuel Puskarczyk,
Tópico(s)Dermatological diseases and infestations
ResumoBien connue lors d'une transmission par des oiseaux d'eau douce, la dermatite cercarienne l'est un peu moins lorsque la contamination se fait en milieu marin. Nous relatons le cas d'une voyageuse de 31 ans, résidente du nord de la France, qui a développé des signes cutanés après s'être baignée dans les calanques à Marseille. Documentation et description du cas clinique signalé au Centre antipoison Est, bibliographie. Au mois de juillet, au décours d'une baignade en mer, une femme de 31 ans, 56 kg, avec des allergies alimentaires pour seuls antécédents connus, constate des lésions cutanées évocatrices de multiples « piqûres de moustiques » sur tout le corps, immédiatement après sa sortie de l'eau. La réaction inflammatoire et les démangeaisons invalidantes sont traitées de prime abord par un antiseptique local. À J3, l'évolution des lésions prurigineuses en vésicules qui éclatent motive une téléconsultation au centre antipoison Est qui préconise un antihistaminique per os. À J4, la patiente bénéficie d'une prescription complémentaire de dermocorticoïdes et d'autres topiques antiseptiques pour une durée de 8 jours. Au total, le prurit intense a été observé jusqu'à J6 de la baignade. À J12, ne persistaient que de légères traces d'hématomes ponctuels mais multiples. Devant le risque d'une pigmentation post inflammatoire, l'application d'une crème solaire a été préconisée. Devant cette symptomatologie caractéristique et la géographie du lieu d'exposition, le centre antipoison Est a pris l'attache de ses collègues de Marseille pour discuter des risques spécifiques locaux. Une contamination par les cercaires de Microbilharzia variglandis qui parasite les Laridés, dont le goéland, est très vite évoquée. Comme tous les Mammifères, l'Homme constitue une impasse parasitaire pour le stade larvaire, les cercaires, qui évoluent dans l'eau vers de nouveaux hôtes. Les effets observés sont liés à leur pénétration cutanée. Le diagnostic est avant tout clinique : une éruption diffuse faite de maculopapules prurigineuses apparaît dans les heures qui suivent le bain [1]. Au bout de 24 h, le parasite meurt constituant des antigènes à l'origine d'une réaction inflammatoire qui apparaît 5 à 14 jours plus tard sous la forme de papules urticariennes, vésicules, pustules ou bulles. La dermatose persiste durant quelques jours mais souvent moins d'une semaine [2]. Les lésions prédominent aux membres inférieurs car ces parasites se trouvent en plus grande quantité dans des eaux stagnantes peu profondes et à proximité des rives. Dans le cas rapporté, la topographie étendue des lésions s'explique par l'immersion complète de la patiente. Le traitement est symptomatique. Les moyens de prévention utiles sont l'identification des zones de baignade contaminées par une signalisation adaptée, la baignade en eau non contaminée, de courte durée, de préférence en eau semi-profonde plutôt qu'en eau peu profonde, et de manière plus pratique, la douche systématique prolongée dès la sortie du bain suivie d'un essuyage vigoureux pour éliminer les cercaires résiduelles de la peau. Ce cas illustre l'intérêt d'une collaboration inter-centres pour le partage des connaissances sur les risques locaux d'une part et la mise en œuvre de moyens de prévention adaptés pour les populations d'autre part.
Referência(s)