Pour une esthétique baroque du Nouveau Roman by Johan Faerber
2012; American Association of Teachers of French; Volume: 85; Issue: 6 Linguagem: Francês
10.1353/tfr.2012.0167
ISSN2329-7131
Autores Tópico(s)Linguistics and Discourse Analysis
ResumoFAERBER, JOHAN. Pour une esthétique baroque du Nouveau Roman. Paris: Champion, 2010. ISBN 978-2-7453-1917-3. Pp. 548. 98 a. Proliférant de citations, ce livre en impose par le foisonnement des références savantes. Le rapprochement inédit entre deux courants si distincts, le Baroque et le Nouveau Roman “appréhendés dans un mouvement d’associ(t)ation textuel” (26), exige une connaissance approfondie des œuvres respectives. À l’enseigne de l’érudition et de l’art rhétorique d’ajointer le dissemblable, cette vaste étude, tiendrait-elle au départ de la gageure, est à la mesure de son objectif. Fort d’un copieux surplomb panoramique, on embrasse une prolixité d’aperçus sur des questions très diverses que motive l’inattendue rencontre de deux ensembles plus que labiles. Ainsi, après une introduction sur “L’âge du Baroque” résumant les principales études qui, de Jean Rousset à Gilles Deleuze, lui ont été consacrées, le livre s’organise à partir de grands axes tels—dans sa première partie “Une rhétorique de l’altérité”—ces trois séries de chapitres: “La dispersion identitaire”, “La grammaire du non-être”, “Une ontologie du protéiforme”. Chacun se subdivise en deux sous-parties, ainsi, pour la dernière, “Métamorphoses du sujet” et “Le labyrinthe de soi”. Les trois autres parties présentent un même dispositif. La quatrième, “L’écriture au miroir,” aborde ainsi successivement trois faces: “Reflet, réflexion et réflexivité d’une écriture au miroir”, “Encore et en corps”, “Une écriture de l’ostentation”. L’auteur s’en défend en introduction: “La formulation de la possibilité néobaroque du néo-romanesque en tant qu’esthétique permet de dégager notre approche d’une simple saisie thématique” (24). Cependant, le rapprochement transhistorique est principalement de cet ordre. On peut s’interroger sur les raisons qui fondent “la réapparition d’une sensibilité” (16), souligner la concomitance entre la redécouverte critique du Baroque et l’émergence du courant néo-romanesque dans les années cinquante (17) ou reconduire le profond renouvellement de l’art narratif à ses déterminations historiques puis à ses contrecoups philosophiques (20–21). Aussi, comme le Nouveau Roman, le Baroque est certes “loin d’être une collection de thèmes” et ne saurait “se réduire à un catalogue de figures” (25). N’empêche, il suffit d’observer la procédure. Au chapitre de “La dispersion identitaire” sur le thème de “l’estrangement chez Claude Simon” (59), on transite d’un extrait du Jardin des plantes à quelques fragments d’Enfance de Nathalie Sarraute (60–61). S’aboutent quelques vers de poésie française du dixsepti ème siècle signés Nicolas Vauquelin des Yvetaux. Suit de Racan la pastorale Les bergeries (61). De là, on croise L’Astrée d’Honoré d’Urfé, le théâtre de Jean Rotrou avant de retourner au Nouveau Roman avec Le libera de Pinget (62). Le tout en trois pages. Cette mosaïque mirobolante de citations constitue un tour de force. Les amalgames, les glissements, les assemblages abasourdissent. Ce faisant, on constate l’écrasement des genres et des textes, l’indifférenciation des styles (avec des amoncellements de phrases tronquées) mais aussi des thématiques qui adviennent toujours par des effets de structure ou d’écriture liés à l’économie d’ouvrages ou d’intertextes particuliers. Enfin, l’on s’interroge sur la façon expéditive d’établir le corpus néoromanesque . D’un côté, l’on reprend celui établi par Jean Ricardou dans Le Nouveau Roman (23) mais sans note qui en précise les raisons (dans une introduction comportant cinquante-neuf notes en quinze pages!). À juste titre, contre une certaine tendance actuelle consistant à minimiser la notion de “groupe” et à privil égier les œuvres individuelles, l’avantage est ici d’envisager des “comparaisons textuelles transversales” (24) sur la base de fonctionnements partagés; bref, 1168 FRENCH REVIEW 85.6 de dégager une poétique. Mais, par ailleurs, dans un des chapitres les plus percutants , “Des lieux-dits au dit des lieux” (267), aucune mention n’est faite du roman éponyme qui...
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