Le bataillon créole (Guerre de 1914–1918) par Raphaël Confiant
2014; American Association of Teachers of French; Volume: 88; Issue: 1 Linguagem: Francês
10.1353/tfr.2014.0171
ISSN2329-7131
Autores Tópico(s)Diverse Cultural and Historical Studies
Resumolinéaire ni cohésion narrative. Il s’agit plutôt d’une succession de tableaux écrits par un narrateur qui regarde des femmes souvent prisonnières de leur environnement. Brebel reste donc fidèle à un de ses thèmes de prédilection, celui de l’enfermement. Dans la première nouvelle,“Contradiction”, écrite comme les trois autres à la première personne, le narrateur paraît s’adresser à une épouse qu’il idolâtre bien qu’elle se montre souvent indifférente à son amour. Ou n’est-elle qu’un fantasme? Ce doute donne le ton au recueil qui entraîne souvent son lecteur sur une fausse piste. La deuxième nouvelle, au titre éponyme, commence par le pronom personnel “elle” que nous retrouvons dans neuf autres textes. Elle nous décrit le quotidien d’une femme seule, désœuvrée, vivant dans une villa au bord de la mer qu’elle ne se lasse pas de regarder. Le lecteur est déconcerté par ce qu’il lit sur cette jeune femme décrite comme la mère de deux fils adultes et d’un troisième dont elle n’est plus sûre s’il s’agit d’une fille ou d’un garçon. Devons-nous penser que le tableau dépeint en quelques pages résume toute la vie de cette femme dont on ne sait si elle s’appelle Emmanuelle ou Élisabeth? Cette technique n’est pas sans rappeler le Nouveau roman, avec ses incertitudes et hésitations déroutantes, et où l’active participation du lecteur est requise dans l’interprétation des textes. L’un d’eux, “Vie commune”, est un exemple d’un singulier ménage à trois.Le narrateur a introduit dans son couple une jeune femme que son épouse a acceptée sans trop poser de questions, admettant la version du mari selon laquelle il l’a prise en stop. Très vite, cette nouvelle venue devient partie intégrante de leur vie, remplaçant peut-être l’enfant qu’ils n’ont jamais eu, même si elle se montre parfois peu réceptive aux principes qu’ils essaient de lui inculquer. L’important est qu’elle ait réussi à revitaliser leur couple après trente ans de vie commune et que, lorsqu’elle décide de reprendre sa route, elle leur laisse un cadeau pour le moins inattendu. Quant à “Intimité” qui clôt le recueil avec son titre si bien choisi, il se caractérise par une suggestivité érotique que Brebel a adoptée pour se démarquer de l’image puritaine qu’il pense être sienne. La baie vitrée est un recueil magnifiquement écrit, qui fait honneur à la langue française et qu’on prendra plaisir à lire! University of Wisconsin, Eau Claire Dominique S. Thévenin Confiant, Raphaël. Le bataillon créole (Guerre de 1914–1918). Paris: Mercure de France, 2013. ISBN 978-2-7152-3387-4. Pp. 301. 19,80 a. Pour les“quatre vieilles colonies”(Guadeloupe, Guyane, Martinique, Réunion), la Première Guerre mondiale a été une étape importante vers l’intégration administrative avec la métropole. En 1946, “l’impôt du sang” versé par les soldats de ces vieilles colonies pour la France sera un des arguments décisifs lors des débats autour de la loi de départementalisation (promue, entre autres, par le Martiniquais Aimé Césaire et le Guyanais Gaston Monnerville). Romancier prolifique et fondateur, avec Jean Bernabé et Patrick Chamoiseau, du mouvement de la Créolité (Éloge de la Créolité, 1989), 256 FRENCH REVIEW 88.1 Reviews 257 Raphaël Confiant fait revivre les souffrances des soldats martiniquais sur les champs de bataille de la Grande Guerre, ainsi que les inquiétudes de leurs familles, qui en raison de la distance et de la faiblesse des moyens de communication ont du mal à suivre ce qui se passe dans la“mère-patrie”. Comme à son habitude, Confiant fait usage de multiples voix narratives et d’un français créolisé. Divisé en cinq “cercles” dont la connotation dantesque se précise au fur et à mesure que certains personnages se rapprochent de la boucherie quotidienne de la...
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