Artigo Revisado por pares

Mon amie Victoria par Jean-Paul Civeyrac

2016; American Association of Teachers of French; Volume: 90; Issue: 1 Linguagem: Francês

10.1353/tfr.2016.0234

ISSN

2329-7131

Autores

Cheira Belguellaoui,

Tópico(s)

Social Policies and Family

Resumo

Civeyrac, Jean-Paul, réal. Mon amie Victoria. Int. Guslagie Malanda, Nadia Moussa, Catherine Mouchet, Pascal Greggory. Pelléas, 2014. Cette adaptation de Victoria et les Staveney, un court roman de Doris Lessing publié en 2003, parvient à conserver le fond du récit et demeure généralement fidèle au conflit interne du personnage principal, mais propose une lecture différente en ce que Victoria (interprétée de manière émouvante par Malanda dans ce premier rôle) est mise à l’écart de sa propre histoire. Contrairement au personnage du livre qui se raconte elle-même, l’histoire de Victoria est narrée en flash-back par la voix off de sa sœur adoptive, Fanny (Keemyah Omolongo). De plus, le film effleure à peine la question de la race que Lessing traite de manière plus ouverte. Finalement, l’histoire se termine sur une note moins optimiste que celle de Lessing. En tout et pour tout, la transposition de Civeyrac suggère une lecture du texte qui demeure distante du personnage, mais qui a pu saisir l’ordinaire d’une vie semée d’infortunes en s’attardant spécifiquement à illustrer les moments qui traduisent le mieux la passivité et le mutisme de Victoria face au sacrifice maternel. Il n’aura suffi que d’une seule nuit passée dans un appartement haussmannien pour que la petiteVictoria, orpheline noire très tôt victime d’une existence ingrate, soit subjuguée par un monde dont elle ne fera jamais partie et pour lequel sa fascination ne s’éteindra jamais. Quelques années plus tard, Victoria rencontre Thomas (l’un des deux fils des Savinet, propriétaires de l’appartement qu’elle ne peut oublier) et les deux passent un été ensemble avant de se séparer. De cette union naît Marie, dont l’existence ne sera révélée à Thomas que six ans plus tard dans l’espoir de procurer une meilleure vie à l’enfant. Suite à cette révélation, Elena Savinet (Mouchet), la mère de Thomas, s’exclame d’avoir toujours voulu un petit enfant“noir”tandis que Lionel Savinet (Greggory), le père de Thomas, se plaît à appeler Marie son“petit caramel”ou sa“glace au café”. De manière inévitable, les Savinet s’immiscent de plus en plus dans la vie de Marie au point que Victoria, visiblement consciente du fait qu’elle finira par perdre sa fille, accepte—suite à la suggestion des Savinet—que Marie aille dans une“meilleure”école. Des circonstances de vie difficiles, la perte soudaine d’un mari dont elle a eu un autre enfant et la décision difficile de céder sa place aux Savinet pour le bien de Marie font de Victoria une mater dolorosa. L’approche minimaliste du cinéaste capture parfaitement la finesse de jeu de Malanda et procure au film toute son épaisseur narrative et psychologique. Il s’agit d’un film sensible et discret. Civeyrac confie exclusivement à l’actrice principale le soin de rendre compte de sa décision à travers ses silences évocateurs, d’où la simplicité des images. Il est difficile de définir ce qui constitue une adaptation cinématographique réussie, mais Mon amie Victoria est un de ces rares films qui rendent ce débat inutile. DePauw University (IN) Cheira Belguellaoui 268 FRENCH REVIEW 90.1 ...

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