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Méfiez-vous des enfants sages by Cécile Coulon

2012; American Association of Teachers of French; Volume: 85; Issue: 3 Linguagem: Francês

10.1353/tfr.2012.0392

2329-7131

Yvette A. Young,

Psychoanalysis and Psychopathology Research

son crayon, il ne souffrait que de “la folie douce qui couve en chaque être humain” (238). Se croyant bon à rien, il se découvre à la fin inspiré et prêt à écrire son vrai roman. Par un jeu de mot amusant, son nom, Valbon prend alors tout son sens, c’est lui qui vaut de l’or à présent! À travers Augustin et son voyage initiatique, c’est une réflexion sur l’écriture que Confiant propose. Ce n’est pas dans un lieu magique mais dans le tissu humain, dans la chair de l’“écrire”, qu’Augustin trouve “sa” jarre d’or, pleine d’inépuisables inspirations d’écriture. La jarre d’or, ce sera là où tout est possible, le passé, le présent, l’Histoire et la mémoire, toutes les convergences d’idées et de rencontres, comme dans le Tout Monde d’Édouard Glissant. Earlham College (IN) Annie Bandy COULON, CÉCILE. Méfiez-vous des enfants sages. Paris: Viviane Hamy, 2010. ISBN 978-287858 -332-8. Pp. 111. 16 a. Résumons l’idée centrale. Pour un enfant, les choses les plus insignifiantes risquent d’avoir de tragiques conséquences et la construction de soi passe par la moulinette de traumatismes que la réalité borgne des adultes ne saisit pas. La solitude est la condition essentielle de l’enfance et de l’adolescence. La question s’impose: est-ce ainsi qu’on se construit ou se déconstruit? Rien d’éristique à cela. Cécile Coulon, une jeune auteure clermontoise branchée, la tête encore sonnante de littérature américaine et de chansons made in USA, a évidemment lu Flannery O’Connor, Carson McCullers, J.D. Salinger, etc. Ici elle franchit les barrières culturelles et générationnelles pour exposer les gros chagrins de l’enfance et les fêlures au cœur des adolescents face à l’incurie des adultes. Le roman s’inscrit dans une Amérique mythique sur toile de fond Southern Gothic et San Francisco flower power, une vaste iconographie formatée selon l’imaginaire européen. Le récit couvre deux décennies, de la période hippie aux années 80. La responsabilit é de la narration glisse d’un personnage à l’autre, ce qui peut s’avérer confus si on perd le fil conducteur. Funambules du cordeau littéraire s’abstenir. Les personnages -prototypes s’entrecroisent, se séparent, se retrouvent et disparaissent. Le style est souple, épicé de verlan, un peu trop Zeitgeist si on tend à l’universel. Une bande musicale accompagne la grille de lecture comme vecteur indissociable de la représentation narrative. Lua, huit ans, vit une existence relativement tranquille entre sa mère Kerrie, jeune fille issue d’un Deep South à la Tennessee Williams et devenue serveuse, et son père Markku, un immigrant suédois qui a une passion pour les animaux et les insectes. Lua se lie d’amitié avec Eddy, le voisin toxicomane qui la protège de Kristina, sa nana à l’œil de verre et au cœur d’artichaut, et l’initie à faire la manche. À l’école, zone de cliques où il faut être cool ou s’effacer dans la figuration , Lua fait un trafic lucratif de bâtons de réglisse jusqu’au jour où le Directeur (alias le Dit-Rectum) met fin au racket. Planant au-dessus de la grisaille estudiantine se trouve Freak, un jeune prof charismatique, beau comme un héros de manga, qui aurait été pianiste s’il n’avait perdu un doigt dans un épisode rocambolesque. Et puis un jour Markku, employé dans un laboratoire, ramène à la maison une monstrueuse araignée exotique surnommée Popeye qui, suite à une négligence, s’échappe. Dès lors la vie pour Lua devient un enfer dominé par la terreur de ce corps velu à l’affût. La mygale en cavale, symbole de tous les Reviews 585 cauchemars, tisse autour de l’enfant sa toile gluante jusque dans ses cellules grises momifiées “comme des mouches crevées” (60). Lua est inconsolable mais personne ne semble mesurer l’étendue du désastre; Markku s’éclipse, acceptant un travail en Océanie, tandis...