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Dans les coulisses d’Intouchables par Isabelle Giordano

2015; American Association of Teachers of French; Volume: 89; Issue: 2 Linguagem: Francês

10.1353/tfr.2015.0054

2329-7131

Nathalie Degroult,

French Historical and Cultural Studies

films tels que Caché (2005) et La bataille d’Alger (1966) pour discuter du mythe colonialiste et de la fin de l’Empire. Enfin, dans les deux derniers chapitres, Frey examine respectivement les liens entre un certain cinéma, l’antisémitisme et les institutions politiques, citant entre autres le réalisateur Claude Autant-Lara, puis il termine sur les liens avec l’extrême droite et ses représentants les plus célèbres, les acteurs Delon, Bardot, Blain. Frey réussit à démontrer l’importance de l’événement cinématographique, c’est-à-dire la sortie des films, leur réception et leur impact politique. Au fil des années, les analyses et discussions qui s’ensuivent passionnent à tous les niveaux: du cinéphile aux professionnels du cinéma en passant par les politiques, les critiques et autres institutions officielles. Ce texte de Frey, extrêmement détaillé et riche en informations et sources diverses, passionnera l’enseignant et le lecteur averti curieux du rôle du cinéma replacé dans un contexte politico-historique. Seton Hill University (PA) Michèle Chossat Giordano, Isabelle. Dans les coulisses d’Intouchables. Paris: Grasset, 2013. ISBN 9782 -246-80520-5. Pp. 176. 19,90 a. Journaliste et directrice d’Unifrance films, Giordano analyse ici les divers facteurs qui ont contribué au succès phénoménal de ce film. De la genèse du film à la tournée mondiale, Giordano retrace le parcours inattendu d’Intouchables en partageant des anecdotes, des photos du tournage, des avis pluridisciplinaires, des lettres des acteurs François Cluzet et Omar Sy ainsi que des vrais protagonistes Philippe Pozzo di Borgo et Abdel Sellou.Au commencement se trouve un duo de réalisateurs, Éric Toledano et Olivier Nakache—amis depuis l’adolescence et issus du même milieu social—qui souhaitait “faire rire avec du fond [...] sur un sujet qui dépassait le cadre de leur vécu personnel” (14). En effet, leurs films précédents traitaient de sujets familiers: l’amitié (Je préfère qu’on reste amis [2005]), les colonies de vacances (Nos jours heureux [2006]) et les relations familiales (Tellement proches [2009]) au moment où ils devenaient pères. Toutefois, leur marque de fabrique reste la comédie et l’éloge du “mieux vivre ensemble” (146). Inspirés par l’histoire de Pozzo di Borgo, Toledano et Nakache ont rencontré le tétraplégique à Essaouira, au Maroc, où il réside avec son épouse. Pozzo a été le premier à approuver leur projet puis d’autres les ont encouragés: Gad Elmaleh leur a suggéré Cluzet lorsque Daniel Auteuil s’est désisté, et Gérard Depardieu a joué son rôle de “parrain hors du commun” (40). L’enthousiasme de la profession et l’engouement du public français ont vite transformé le film en phénomène de société. Giordano s’attarde sur ce point en incluant diverses analyses dans son ouvrage. Ainsi, les sociologues Gérald Bronner et Gilles Lipovetsky accordent le succès d’Intouchables d’abord à la crédibilité de sa trame narrative puis à la “bouffée d’air frais” (142) qu’il apporte au spectateur français déprimé en temps de crise.D’ailleurs Lipovetsky compare 200 FRENCH REVIEW 89.2 Reviews 201 le film à “un pansement” (142). Pour la philosophe Cynthia Fleury, Intouchables met l’accent sur “la reconquête du courage à deux” (28–29). L’anthropologue Dominique Desjeux insiste sur “la question des origines culturelles” (114), l’immigration et la banlieue, que le film aborde de façon positive et avec humour. Car le rire permet de concilier deux images antagonistes: le banlieusard et l’homme riche.Quant au psychiatre Serge Tisseron, il remarque l’aspect éducatif du film qui “fait l’éloge de l’empathie” (42) par rapport au handicap. Notons l’impact que le film a eu sur les acteurs: Omar Sy, césarisé et père de quatre enfants, assume enfin ses “valeurs d’humanité et de partage”(170) et François Cluzet admet que son rôle a été“un immense cadeau”(167). Si le livre fait une synthèse intéressante de ce film-phénom...