On ne dormira jamais by Bruce Bégout
2018; American Association of Teachers of French; Volume: 91; Issue: 3 Linguagem: Francês
10.1353/tfr.2018.0201
ISSN2329-7131
Autores Tópico(s)French Urban and Social Studies
ResumoReviews 231 l’enquête sur la disparition de Loïc Karadec, présumé mort en Provence. Le lieutenant Léon Dertal, collègue de Reiss, joue le rôle du méchant flic, celui qui cuisine les suspects, n’hésitant pas à les bousculer lors de ses interrogatoires.Au large de Marseille, un yacht s’est arrêté, avec, à son bord, son propriétaire Albert Dessousan, le capitaine Karadec et sa maitresse Édith Forest, son second Alain Rouet et sa sœur Valentine. À ces cinq personnages principaux viennent s’ajouter des clandestins, montés à bord pour des raisons diverses:“Lui le capitaine désabusé, être Popeye plutôt que Némo. Il lui suffisait de croiser au large au secours de tous ces migrants qui risquent leurs vies partout sur la planète, dans de frêles embarcations. [...] Qui sauve une vie sauve toute l’humanité, non...!” (93). Comme chacun de ces individus a des raisons de mentir concernant la disparition du capitaine, la mission d’Yves Reiss démarre lentement sur deux pistes: le suicide et le règlement de compte. Au fur et mesure que l’enquête avance, le commandant découvre dans la cale du bateau des armes à feu et des bombes, bref assez d’indices pour penser à un trafic d’armes ou de stupéfiants. Les soupçons de Reiss se tournent vers la jeune Édith, belle femme cupide, ex de Rouet et maîtresse de Karadec, qui le cocufie pour les chèques du vieux Dessousan. L’intrigue se complique quand Reiss découvre l’existence d’une “bande des quatre” composée d’un chef prétentieux, d’un peintre maître-chanteur, d’une ancienne étudiante et d’une violoniste ratée: “À quoi bon vivre dans un monde pareil. Où même ceux que l’on croit connaitre peuvent basculer dans la folie d’un terrorisme aveugle, au nom d’une idée, une idée folle, et je ne l’ai vu que trop tard”(156). Dans les deux dernières parties, l’auteur emmène ses lecteurs dans l’appartement exotique de Karadec à Paris, avec notamment une chambre où la cabine du yacht a été récréée. Écrite non pas en actes ni en tableaux mais en cinq séquences, c’est-à-dire en unités qui forment un tout, comme des scènes au cinéma, cette première pièce de Patrice Aba est intéressante. Peut-être aurait-il cependant fallu traiter autrement le problème du terrorisme, des clandestins et surtout des migrants, questions brûlantes si l’en est. University of Wisconsin, Stevens Point Alek Baylee Toumi Bégout, Bruce. On ne dormira jamais. Paris: Allia, 2017. ISBN 979-10-304-0511-8. Pp. 270. Sous la houlette d’un certain Valère, prince des nuits au service du“divertissement des élites”(92), un centre médico-légal se transforme en espace privatif où se tiennent, une ou deux fois par semaine, des soirées clandestines. Le succès de cette initiative est immédiat. Les participants triés sur le volet sont prêts à payer très cher l’accès à ce nouvel espace festif où la proximité invisible des morts excite et intrigue. Mais voilà qu’une maladie mystérieuse (le “mal jaune”) décime bientôt la région et engorge la morgue dans des proportions qui font songer aux grandes épidémies de peste. Plus les morts affluent le jour, plus la nuit sert aux fêtes où, pour quelques heures, les vivants s’acharnent à déjouer, par une joie sans limite,“l’écœurement, la souffrance et la honte, la mutilation de la raison”(162).“C’était un temps déraisonnable, on invitait des morts à table”, écrit Aragon à propos d’une autre époque; constat qu’André Breton reprend pour sa part dans son Manifeste du surréalisme de 1924, et auquel le récit emprunte son titre: “Les pires conditions matérielles sont excellentes [...]. On ne dormira jamais”. Trois ans après L’accumulation progressive de la noirceur (FR 88.3), Bégout continue d’explorer le “mal sans monstre” qui menace les individus contemporains de se...
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