Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu? par Philippe de Chauveron
2015; American Association of Teachers of French; Volume: 89; Issue: 1 Linguagem: Francês
10.1353/tfr.2015.0174
ISSN2329-7131
Autores Tópico(s)Political and Social Issues
ResumoReviews 235 1993), Prisons, notre corps est une arme (Clarisse Hahn, 2012), Son nom,“Celle qui meurt” (Sabreen Bint Loula, 2013). In the final analysis, this section and the films mentioned here could form the basis for a class studying the topic of “unexpected heroines” from a broad Francophone perspective. Finally, the 2014 FIFF turned to a theme important in the United States for some time and now garnering attention in France—that of women and sports. Le corps/Les femmes/Le sport encompassed films from various countries (Algeria, Canada, France, Germany,Israel,Japan,Nicaragua,United States).The variety of countries was matched by the approaches to the topic that could form the backbone of a class on the issue. The 2014 FIFF afforded enriching and rewarding moments for film scholars, and the special sections helped fill the lacunae in French/Francophone offerings. University of Toledo (OH) Ruth Hottell Chauveron, Philippe de, réal. Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu? Int. Christian Clavier, Chantal Lauby, Émilie Caen, Frédéric Chau. 24, 2014. Estimé trop raciste pour être projeté aux États-Unis, ce film soulève une question d’actualité épineuse: peut-on rire de tout? À en juger par l’énorme succès du film, tout porte à croire que de Chauveron est parvenu à faire passer la pilule ou à décomplexer— suivant l’avis de chacun—la question du racisme en France.Comprenant une brochette d’acteurs plus ou moins connus et issus de l’immigration, le film s’inscrit dans la lignée d’autres comédies récentes portant sur le mariage mixte telles que Il reste du jambon? d’Anne Depétrini (2010),Harissa mon amour de Frédéric Dantec (2013),ou bien Amour sur place ou à emporter d’Amelle Chahbi (2013), mais se distingue de ces dernières en ce qu’il rassemble et accumule ad infinitum un répertoire excessif de préjugés raciaux sous forme de clichés et de caricatures bien ancrés dans la conscience collective. Bref, tout le monde en prend pour son grade. Chinois, Arabes, Juifs, Noirs, Français de souche se jettent et subissent tour à tour le même regard péjoratif faisant passer ainsi l’idée d’un racisme ‘égalitaire’, foncièrement risible, et donc acceptable. L’histoire est simple. Claude et Marie Verneuil, couple bourgeois, catholique et gaulliste, ont quatre filles dont trois qui—à leur grand désarroi—sont mariées à des hommes d’origines et de confessions différentes (un Juif, un Arabe, et un Chinois, respectivement). Les Verneuil ayant du mal à accepter cette famille multiculturelle misent leurs espoirs sur leur quatrième fille, Laure, et espèrent en vain qu’elle choisira un gendre comme il faut. Alors que les filles Verneuil tentent de rapprocher leurs parents et leurs gendres parfaitement ‘intégrés’, Laure attend le moment propice pour révéler l’amour de sa vie à ses parents: un comédien de confession catholique mais d’origine ivoirienne, dont le père est tout aussi raciste que ClaudeVerneuil (fort bien interprété par Christian Clavier). S’ajoutent à cela de continuelles tensions entre les gendres qui se profèrent successivement des injures racistes enrobées d’un humour aussi grinçant que prévisible. La légitimité du rire ici est rendue possible par une probabilité déconcertante glissée habilement dans le dialogue de Rachid (Medi Sadoun), un des gendres de Verneuil, pour qui “on a tous un petit côté raciste, dans le fond”. Il ne s’agit donc pas de mettre en cause l’ouverture d’esprit desVerneuil,mais d’avancer l’idée d’un racisme décomplexé dont le traitement cinématographique a pour but de divertir sans pour autant faire naître chez le spectateur un sentiment de culpabilité. La singularité de Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu?, un film situé dans un contexte social et culturel bien précis (et foncièrement différent de celui des États-Unis), ne réside donc pas dans ce traitement plutôt léger du mariage mixte en France ni dans le rire qu’il risque de provoquer chez le...
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