Conséquences lyriques par Pierre Yergeau
2012; American Association of Teachers of French; Volume: 85; Issue: 4 Linguagem: Francês
10.1353/tfr.2012.0360
ISSN2329-7131
Autores Tópico(s)Diverse Cultural and Historical Studies
ResumoFrench language under the watchful eye of his parents, as well as learning to find his own voice as he matures into a young man, will appeal most to French language teachers. Canisius College (NY) Eileen M. Angelini YERGEAU, PIERRE. Conséquences lyriques. Montréal: Québec-Amérique, 2010. ISBN 9782 -7644-0762-2. Pp. 338. $24,95 Can. C’est un roman déconcertant. Un roman tout court? Non pas! L’attente du lecteur qui tourne les premières pages d’un roman, n’est-elle pas de pénétrer l’intimité des personnages qu’il va rencontrer, de devenir témoin de leur vie quelle que soit l’époque et le climat social, politique ou religieux où elle se déroule? De Madame de La Fayette à Joseph Kessel, en passant par Stendhal, Balzac, Proust, Mauriac et tant d’autres, cela a toujours été un des atouts du roman. Ici, l’agréable illusion de la connaissance intime des personnages a disparu. On pourrait appeler Conséquences lyriques un roman expérimental. Yergeau nous offre des tableaux disparates et déprimants de la vie moderne, qui mettent en scène des êtres obsessionnels et se situent principalement à Los Angeles, cette ville-stéréotype du modernisme américain. Les mêmes personnages apparaissent, disparaissent et réapparaissent dans des incidents décousus et souvent grotesques de la vie quotidienne. De temps à autre, un nouveau protagoniste intervient, tiré comme par magie du temps et de l’espace, tel le père décédé d’un personnage déjà rencontré ou encore l’acteur John Wayne. Il arrive aussi que deux personnages soient plus ou moins interchangeables. Yergeau ne se contente pas non plus d’un simple narrateur; “L’Auteur” (ainsi nommé dans certains épisodes), fait souvent une apparition. Dans un article récent (“Réponse à Daniel Beauregard ou réflexions hâtives du mardi 25 janvier 2011”, ), Yergeau tente de clarifier sa méthode, comparant son livre à Tristram Shandy, mais Conséquences lyriques ne comporte pas simplement digressions et interruptions fréquentes comme l’histoire de Sterne, c’est plutôt un roman dépourvu de structure conductrice évidente, qui peint un monde existentiel détraqué. En effet, en dépit des échanges constants entre des personnages aussi prosaïques que variés, c’est surtout une impression qui nous restera de cette lecture, une impression plutôt déprimante de la réalité de l’être humain du vingt-et-unième siècle, avec ses folies, ses crises et ses aberrations. Le début et la fin du livre méritent cependant une considération particulière. La narration commence par la description d’un quartier de Los Angeles, où a lieu un tournage et où les passants fascinés par les acteurs se bousculent dans l’espoir de faire la rencontre superficielle “des dieux de la chance et du rêve américain” (11). D’autre part, dans l’avant-dernier épisode du roman, se déroule un entretien fictif de l’Auteur avec Le Figaro. Dans cet échange, “L’Auteur” informe “Le Critique” que ce qu’il fait dans son roman, c’est “pousser la logique du récit jusqu’au bout” en faisant de son roman une réflexion non sur le romanesque, comme le supposait le critique, mais “sur la vie” (303). C’est cette réflexion, dit-il, qu’il appelle “une conséquence lyrique”. Le dernier chapitre du roman présente un nouveau personnage, Gomme, une espèce de clown insipide au nom suggestif qui finit par se fondre dans la foule des badauds sidérée par un épisode cocasse souligné par la musique des “Angry Fruit Salad”. Gomme, la triste réalité de l’homme moderne! “L’Auteur”, intervenant vingt-cinq 798 FRENCH REVIEW 85.4 pages avant la fin du livre, déclare son roman terminé et les cinq passages suivants n’être que des “suppléments” (311). Ces “suppléments” sont autant d’épisodes additionnels qui portent à la réflexion sur la vie moderne dans un livre qui pourrait n’avoir pas de fin. Un message clair, un style plaisant certes. Une technique intéressante...
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