La loi du marché by Stéphane Brizé
2016; American Association of Teachers of French; Volume: 89; Issue: 4 Linguagem: Francês
10.1353/tfr.2016.0123
ISSN2329-7131
Autores Tópico(s)Social Sciences and Governance
ResumoTHE FRENCH REVIEW, Vol. 89, No. 4, May 2016 Printed in U.S.A. Film edited by Michèle Bissière 197 Brizé, Stéphane, réal. La loi du marché. Int. Vincent Lindon, Karine de Mirbeck, Matthieu Schaller. Nord-Ouest, 2015. Cette troisième collaboration Brizé-Lindon, un film social à petit budget tourné à l’aide de deux caméras seulement et comprenant en grande partie des acteurs nonprofessionnels , porte un regard tendre sur le quotidien d’une famille vivant avec un enfant handicapé et scrute les travers du marché de l’emploi. Certains ont reproché au réalisateur d’être tombé dans le misérabilisme ou de ne pas avoir suffisamment rendu compte de la réalité complexe du monde du travail. Mais le film évite le pathos en s’attardant davantage sur les défis et choix économiques auxquels Thierry (Lindon) doit faire face plutôt que sur les émotions qui en résultent. Thierry, à travers son silence, laisse entrevoir la volonté quasi désespérée de maîtriser un destin qui lui glisse peu à peu entre les mains, mais il encaisse les coups—non sans broncher—et lutte obstinément contre l’inévitable précarité de sa situation économique. En bref, il s’agit d’un film qui, sans proposer de revendication sociale, sonde de la manière la plus authentique possible l’état de résignation et d’impuissance d’une humanité soumise à l’instabilité chronique du marché. Or c’est justement là que Thierry, cet homme ordinaire entièrement dévoué au bien-être de sa femme et de son fils, finit par nous surprendre en écoutant la voix de sa conscience et en délaissant de facto sa responsabilité de chef de famille; une décision qui revêt une force symbolique en ce qu’elle dévoile l’humanité encore intacte d’un homme victime du système. Brizé a su capitaliser une fois de plus sur le mutisme évocateur et bouleversant de Vincent Lindon dont la performance lui a valu le prix d’interprétation masculine au Festival de Cannes 2015. L’acteur fait preuve d’un talent incontestable dans ce rôle de chômeur quinquagénaire qui, sorti d’une formation n’aboutissant pas à l’emploi désiré, se retrouve aux prises avec sa conscience en tant que vigile dans un supermarché. Thierry est chargé de surveiller les clients, en particulier les caissières, à travers un vaste dispositif d’écrans et de caméras afin de signaler tout abus de coupons de réduction ou de carte de fidélité. Bien entendu ces directives servent de prétexte pour licencier un certain nombre d’employés—ce à quoi Thierry finit par s’opposer. Les longs plans-séquences ainsi que les multiples prises de vue de profil et de nuque de l’acteur se portent bien au sujet et accentuent admirablement le malaise grandissant du personnage face aux licenciements injustes et abusifs des employés. Le mutisme et les coups de gueule de Thierry rappellent le jeu de Jean Gabin et vont de pair avec les séquences les plus attendrissantes où il aide son fils à s’habiller le matin ou bien lorsqu’il prend des cours de danse de salon avec son épouse; des scènes, qui en somme, soulignent l’universalité de l’expérience vécue par Thierry. Ce qui frappe dans ce film, c’est non seulement la force et le juste dosage du non-dit à travers une esthétique dénudée d’artifices,mais c’est aussi l’examen radioscopique du sentiment d’empathie dans un univers aussi changeant qu’imprévisible. DePauw University (IN) Cheira Belguellaoui Costeix, Éric. Alain Resnais: la mémoire de l’éternité. Paris: L’Harmattan, 2013. ISBN 978-2-343-00935-3. Pp. 250. 24 a. In a monograph devoted to memory in Resnais’s work, one might not anticipate the extensive use of language borrowed from iconography and the Eucharist, any more than one would expect references to Michael Myers and the Halloween horror series. Yet all of this, and much more, figures into Costeix’s book. This densely-written study of the creation and preservation...
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