Artigo Revisado por pares

Le cas Eduard Einstein par Laurent Seksik

2014; American Association of Teachers of French; Volume: 88; Issue: 2 Linguagem: Francês

10.1353/tfr.2014.0090

ISSN

2329-7131

Autores

Dominique S. Thévenin,

Tópico(s)

Diverse Cultural and Historical Studies

Resumo

Reviews 281 Mais, comme toujours chez Quignard, la réflexion érudite ne vient pas seule: elle s’accompagne d’une mosaïque de considérations fragmentaires plus ou moins éloignées du thème central, mais qui, entrant en résonance avec d’autres ouvrages, donne une cohérence saisissante à la succession de ses livres et constitue leur puissante nouveauté. Ainsi des souvenirs sur Le Havre détruit après-guerre qui sont récurrents dans Dernier royaume et constituent le fondement de la vision politique de l’écrivain; ainsi de ses souvenirs du spectacle Médéa sur scène avec Carlotta Ikeda qui ont certainement alimenté la rêverie initiale de ce livre; ainsi de ce chapitre sur sa chatte, qui préfigure le dernier ouvrage publié (La suite des chat et des ânes, 2013); ainsi de ces discrètes considérations sur le cinéma, art sur lequel Quignard a peu écrit, et qui préfigurent peut-être un ouvrage à venir:“Chaque art est une mue”(91). Les lecteurs qui le suivent de livre en livre ont l’occasion d’observer sa méditation infinie dans ses mues successives. Saint Louis University (MO) Jean-Louis Pautrot Seksik, Laurent. Le cas Eduard Einstein. Paris: Flammarion, 2013. ISBN 978-2-08124857 -1. Pp. 300. 19 a. En faisant des recherches pour la rédaction d’une biographie d’Einstein, Seksik découvre une blessure intime dans la vie du savant: son fils cadet, Eduard, devenu schizophrène à vingt ans, a passé trente-cinq années dans un asile, où il n’a reçu qu’une seule visite de son père avant son exil pour les États-Unis. Hanté par ce drame familial qui faisait dire à Einstein “mon fils est le seul problème qui demeure sans solution”, Seksik ressent le besoin impérieux de le raconter. Comme il l’explique dans une interview, il imagine d’abord se glisser dans l’esprit d’Eduard et écrire son journal, à partir de documents d’archive mais relevant de la fiction. Bientôt s’impose la nécessité d’y ajouter l’histoire de Mileva, mère d’Eduard et première épouse d’Albert. Puis, pour essayer de comprendre ce qui a poussé Albert à agir comme il l’a fait, Seksik le fait entrer dans son récit. Ce roman à trois voix est divisé en huit parties qui portent chacune le nom d’un lieu géographique, parmi lesquels Burghölzli, l’hôpital psychiatrique de Zurich où Eduard fut interné, Princeton où Albert émigra en 1935, ou encore le 62, Huttenstrasse, à Zurich, où demeurait Mileva. Chaque partie est elle-même divisée en chapitres dans lesquels les points de vue alternent. Dans le journal d’Eduard qui comporte vingt-six entrées, la narration est à la première personne, mais elle se fait à la troisième quand elle s’intéresse aux parents, avec respectivement seize textes centrés sur Albert et dix sur Mileva. Dans sa première intervention, Eduard se décrit comme un jeune homme cultivé qui rêve d’être psychiatre mais qui est interné du fait de sérieux troubles de personnalité qui l’ont poussé à battre sa mère. Selon lui, le fait de porter le patronyme d’Einstein est la cause de ses problèmes psychologiques. Dans les entrées suivantes, il évoque son célèbre père à qui il n’a jamais pardonné d’avoir abandonné son frère et lui ainsi que sa mère, une jeune femme intelligente qui sacrifia ses études, son travail et ses ambitions par amour pour Albert. Les deux autres types de texte suivent les faits et gestes de Mileva et d’Albert après l’internement de leur fils, avec des retours à l’époque où ils étaient mariés. L’histoire des Einstein se mêle à un arrière-fond historique et politique. On assiste ainsi à l’avènement du nazisme dans une manifestation opposant des membres du Rote Frontkämpferbund et des chemises brunes criant Sieg Heil sur Alexanderplatz, ou encore au travers de discours antisémites diffusés à la radio qu’Albert est en train d’écouter. Plus tard...

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