De l’autre côté du périph by David Charhon
2014; American Association of Teachers of French; Volume: 87; Issue: 3 Linguagem: Francês
10.1353/tfr.2014.0369
ISSN2329-7131
Autores Tópico(s)Political and Social Issues
ResumoReviews 241 Charhon, David, réal. De l’autre côté du périph. Int. Laurent Lafitte, Omar Sy, Sabrina Ouazani. Mandarin, 2012. Comédie policière dans le style des séries cultes et des films américains, De l’autre côté du périph met en scène Omar Sy dans un rôle bien différent de celui qu’il interprétait dans Intouchables. À nouveau en équipe masculine, le lieutenant Ousmane Diakité, un policier qui rêve de faire tomber des gros bonnets, et son associé le capitaine Monge de la brigade criminelle de Paris (Laurent Lafitte, de la ComédieFran çaise) sont confrontés à un homicide à Bobigny, avec en filigrane les différences culturelles irréconciliables entre Paris et la banlieue. Tout dans ce film rappelle le style des années 1970: la musique, les courses-poursuites, les méthodes de flic d’inspiration française à la Belmondo. Un Belmondo qui apparaît brièvement en super-flic sur le petit écran de Diakité (il est en train de regarder Le professionnel) et l’encourage à ne pas abandonner. Diakité élève seul Yves, son fils, alors que Monge est célibataire sans enfant,un homme coureur et superficiel.Centré sur ses personnages,le film montre un visage de la banlieue telle qu’elle est souvent perçue,mais en évitant tout misérabilisme: barres d’immeubles inhumaines, désœuvrement, débrouillardise. Monge, supérieur et condescendant, évolue normalement dans les huitième ou seizième arrondissements et rabaisse constamment la banlieue. Diakité doit le convaincre de ses compétences pour être accepté comme partenaire. Il saisit aussi les remarques racistes dont il est victime: des officiels le tutoient, son partenaire ne sait pas prononcer son nom, lui interdit de parler avec les personnalités, le taquine sur la polygamie. Mais face à l’arrogance de Monge,l’enquête à Bobigny est néanmoins de la compétence d’Ousmane, qui connaît le terrain: il a grandi dans le quartier et connaît tous les trucs de la débrouillardise. Or, dans la banlieue, il faut se faire respecter. C’est Diakité qui parle et Monge qui doit se taire. Les espaces scéniques sont bien définis et contribuent à mieux cerner la personnalité de chacun. La scène de communication gestuelle entre les deux hommes montre la domination de Diakité sur Monge qui, bien que sorti major de sa promo, ignore tout des gestes de base. De Paris, le spectateur peut admirer les beaux salons et bureaux luxueux. Dans la banlieue, les HLM prennent tout l’écran, en arrière-plan de quelques scènes savamment ajustées.Autre symbole, le périphérique coupe la région en deux mondes bien distincts: la respectable ville de Paris et la banlieue qui se passe d’explication. Mais, dans la banlieue, des familles, des jeunes tentent de surmonter le quotidien. À Paris, espace surprotégé, ce sont l’hypocrisie et la corruption qui dominent. Les personnages féminins apparaissent en victimes, en mère, objet sexuel, ou fonctionnaire corrompue. Les professionnelles de la police n’occupent qu’un petit espace scénique: il s’agit bien ici de la paire Diakité-Monge. La vision de la banlieue n’a guère évolué depuis La haine, mais des espoirs d’intégration réussie au niveau individuel sont désormais permis: Ousmane Diakité, policier de banlieue promu à la capitale, en est désormais l’exemple. Seton Hill University (PA) Michèle Chossat ...
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