Artigo Revisado por pares

D’accord by Denis Beneich

2018; American Association of Teachers of French; Volume: 91; Issue: 3 Linguagem: Francês

10.1353/tfr.2018.0202

ISSN

2329-7131

Autores

Warren Motte,

Tópico(s)

Psychoanalysis and Psychopathology Research

Resumo

s’acharnent à déjouer, par une joie sans limite,“l’écœurement, la souffrance et la honte, la mutilation de la raison”(162).“C’était un temps déraisonnable, on invitait des morts à table”, écrit Aragon à propos d’une autre époque; constat qu’André Breton reprend pour sa part dans son Manifeste du surréalisme de 1924, et auquel le récit emprunte son titre: “Les pires conditions matérielles sont excellentes [...]. On ne dormira jamais”. Trois ans après L’accumulation progressive de la noirceur (FR 88.3), Bégout continue d’explorer le “mal sans monstre” qui menace les individus contemporains de se faire broyer par la normalité hyper normée. Ce récit se présente sous la forme d’un retable dont les trois panneaux mêlent le délétère, le ridicule et la folie. Les lecteurs y trouveront donc une dramaturgie néobaroque propre à l’œuvre de ce philosophe romancier, où pointe la présence de Kafka (un Kafka filmé par Orson Welles) et une très forte dose de kitsch. Car dans cette atmosphère de désastre inquiétant et macabre, où au choc de la mort ordinaire laisse rapidement place le trauma de la destruction de masse, le directeur de l’Institut se prend bientôt de passion pour l’élevage de lapins nains. Incarnation du doux et du mol, les bêtes qu’il chérit à l’égal d’aucun autre être vivant (ou mort) l’attirent peu à peu vers les sous-sols de l’institut où il finit par prendre résidence.En quelques mois deux de ses créatures sont transformées,au hasard des viralités numériques, en véritables stars planétaires. La fascination dont ces bêtes font l’objet de la part de millions de gens, et l’attention immodérée que leur apporte son propriétaire, ajoutent à cette atmosphère de fin du monde une forme supplémentaire d’inquiétude qui n’est pas, et de loin, la moindre. Bégout incite en effet à considérer le mièvre et l’inane comme encore plus insupportables que la proximité olfactive et concrète de la mort. Responsable passif de la transformation de son centre médico-légal (surnommé l’Hôtel) en lieu à la mode (désigné par son promoteur Valère comme le KluB), et bientôt privé d’une gloire incompréhensible, le narrateur de cet étrange roman se laisse progressivement dériver vers la folie. On ne dormira jamais décrit le trajet vers le point d’effondrement mental dont le sommeil reste le plus sûr des antidotes. Metropolitan State University of Denver Jean-François Duclos Beneich, Denis. D’accord. Arles: Actes Sud, 2017. ISBN 978-2-330-07900-0. Pp. 95. “Chez nous, les dîners de famille, c’était toujours la grande affaire,” remarks the narrator as he launches his account of the first of the three moments around which this novel is composed (7). That moment is long in the past, at a time when he himself was still a child trying to come to terms with the realities of the family dynamic in which he was enmeshed. His father was the principal actor in that dynamic, and what the narrator gives us here is a boy’s-eye-view of domestic despotism, a portrait of a man so deeply bound up in concern for himself that he barely notices the other people with whom he lives—except when he berates them for their sins against him. Everything 232 FRENCH REVIEW 91.3 Reviews 233 displeases this man, and his displeasure reaches its apex on those occasions when the extended family gathers for a holiday meal, providing him with more victims and thus enabling him to unleash his anger on a broader stage. In the second moment of this novel, we find that man much diminished by old age,Alzheimer’s disease, and aphasia. When the narrator goes to visit him in the assisted living facility where he now resides, he takes his own son, a young man in early adulthood, along with him for support. He frets that his...

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