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Étude sur la poésie contemporaine: des affleurements du réel à une philosophie du vivre éd. par Régis Lefort

2016; American Association of Teachers of French; Volume: 90; Issue: 2 Linguagem: Francês

10.1353/tfr.2016.0084

2329-7131

Aurélie Van deWiele,

Political Theory and Influence

Reviews 269 Lefort, Régis. Étude sur la poésie contemporaine: des affleurements du réel à une philosophie du vivre. Paris: Garnier, 2014. ISBN 978-2-8124-3103-6. Pp. 379. 39 a. Si certains considèrent la poésie comme un moyen d’évasion, Lefort affirme au contraire que l’œuvre poétique permet de se plonger au cœur du réel. Cependant, partant du principe que l’effectuation de la réalité est toujours fuyante et décevante, Lefort soutient que le poème vise plutôt à rester dans l’attente de cette apparition, ne faisant qu’affleurer le réel pour en découvrir ses “scintillements”, ses “étincelles” (16). C’est la manière dont la poésie dévoile ces brides de réalité que Lefort examine dans son ouvrage. Pour ce faire, il analyse les éléments du poème qui, selon lui, permettent à l’œuvre de mettre en lumière les étincelles captées du monde réel. Ces éléments, au nombre de cinq, incluent l’inconscient, la langue, le silence, le corps et le dépouillement . Plus particulièrement, Lefort explore chacune de ces composantes au sein de l’œuvre de trois poètes différents. Au total, son étude porte donc sur quinze auteurs: Anne-Marie Albiach, Arno Calleja, Pascal Commère, Henri Bauchau, Antoine Emaz, Christian Hubin, François Jacqmin, Pierre Jean Jouve, Roger Kowalski, Lorand Gaspar, Jean-Louis Giovannoni, Julien Gracq, Gérard Titus-Carmel, Jean Tortel, Bernard Vargaftig. L’intérêt de l’essai de Lefort réside en premier lieu dans la pertinence et la précision de ses analyses poétiques. Par exemple, le chapitre sur l’ambivalence du silence poétique offre une démonstration bien argumentée sur la manière dont l’incommunicabilité chez Roger Kowalski reflète à la fois le mutisme dont il souffre en temps de guerre et la sérénité indescriptible qu’il ressent dans l’amour. La partie sur l’art du peu, qui analyse les aspects dépouillés du poème comme réaction face au réel, trace avec justesse un parallèle entre la page blanche du texte poétique et le thème de la neige dans l’œuvre de François Jacqmin. Lefort démontre ici de manière convaincante que ces deux espaces dépouillés parviennent de la même façon à mettre en lumière des subtilités de la réalité autrement imperceptibles.Au-delà de ces analyses perspicaces cependant, on pourra regretter que certaines parties du travail de Lefort traitent de sujets déjà maintes fois abordés. C’est le cas du chapitre sur l’inconscient dont le propos est sans surprise: l’auteur y pose la rêverie et l’imaginaire comme des fondements de la création poétique et y évoque les théories freudiennes et la doctrine surréaliste. Outre l’idée-maîtresse selon laquelle la poésie dévoile des brides du réel, un second point d’ancrage guide les réflexions d’Étude sur la poésie contemporaine. Cette seconde direction, indiquée dans le titre même de l’ouvrage, repose sur l’idée que l’écriture poétique constitue une philosophie de vie. Dans son essai, Lefort argue en effet que pour saisir le réel dans le flash de son apparition, but de la poésie, le poète doit rester ancré dans l’instant, dans le vif du moment; ainsi, la poésie aide son auteur à mieux apprécier la vie dans le présent. Cet angle d’étude restera cependant au second plan de l’analyse de Lefort: rapidement présenté vers la fin de l’introduction, il ne sera malheureusement que succinctement et sporadiquement exploré tout au long de l’ouvrage. Salisbury University (MD) Aurélie Van de Wiele Ménard, Sophie. Émile Zola et les aveux du corps: les savoirs du roman naturaliste. Paris: Garnier, 2014. ISBN 978-2-8124-2106-8. Pp. 518. 39 a. Bodies in Zola’s works are texts that can be read. Ménard’s study centers on one specific form of...