Lumières de Pointe-Noire by Alain Mabanckou
2014; American Association of Teachers of French; Volume: 87; Issue: 3 Linguagem: Francês
10.1353/tfr.2014.0341
ISSN2329-7131
Autores Tópico(s)Diverse Cultural and Historical Studies
ResumoMabanckou, Alain. Lumières de Pointe-Noire. Paris: Seuil, 2013. ISBN 978-2-02100394 -9. Pp. 304. 19,50 a. S’il ne constitue sans doute pas encore un genre en soi, le récit d’un retour au pays natal ne peut faire l’économie d’une question aussi centrale qu’allusive pour son narrateur: que suis-je devenu aux yeux de ceux qui m’ont vu partir et auprès de qui je reviens aujourd’hui, à l’issue d’une longue absence? Pour Mabanckou, de retour à Pointe-Noire, ville portuaire du Congo, après des années passées en France et aux États-Unis, la réponse semble évidente: un écrivain connu et honoré. Mais puisque son œuvre s’est nourrie de la vie de ceux autour desquels il a grandi, c’est un peu aussi de ses propres personnages qu’il va, vingt ans après, à la rencontre. Des personnages qui, s’étant reconnus dans ses livres, peuvent dire à la face de son auteur:“C’est moi le fameux Yaya Gaston dans le roman Demain j’aurai vingt ans”(112). Pour contrecarrer (sans l’effacer totalement) ce jeu de miroirs,et pour chasser toute rhétorique pompeuse, Mabanckou prend le parti de la candeur et de la curiosité. Son récit, divisé en deux parties, se développe sous l’invocation légère et discrète de Dany Laferrière. Au fil des nombreuses obligations qui rythment son séjour ponténégrin, l’auteur retrouve parents et amis en une série de chapitres dont le contenu est résumé dans un titre de film populaire. Dans celui intitulé “Mon oncle”, Mompéro, oncle doyen de la famille, lui fait l’aveu d’un amour réservé à un fils. Dans“Rencontre du troisième type”, Matété souhaite s’assurer qu’à Los Angeles ou à Paris, l’auteur n’a pas enfreint la loi qui maintient en vie, selon la tradition, son double animal dans la forêt. S’il se croyait géographiquement loin du Congo, on voit qu’il n’en était rien. Mais Mabanckou n’est pas venu seul si seulement avec un bagage cinématographique: la photographe Caroline Blache l’accompagne. Ses magnifiques portraits, qui ponctuent presque chaque rencontre , contribuent à rehausser la valeur morale des personnages de ce‘roman’familial illustré. Une autre interrogation prolonge le récit du narrateur: pourquoi avoir attendu si longtemps, et pourquoi, surtout, n’être pas revenu assister à l’enterrement de sa mère, douze ans plus tôt? Ce retour différé constitue un pas enfin fait en direction de l’être absent, et forme la première étape d’un deuil lui aussi laissé en suspens. Avec Lumières de Pointe-Noire, Mabanckou renonce à laisser croire, aux autres comme à lui-même, que sa mère vit encore:“Je m’évertue à rétablir la vérité dans l’espoir de me départir de ce mensonge”(11). Dès lors, à quoi se fier pour mettre au jour les souvenirs qui n’aiment rien tant que les ténèbres et les vérités cachées? “Une voix me murmure qu’un gamin va naître jadis, avec déjà une dentition ferme et un cuir chevelu touffu et crépu” (184). Conçu comme une seconde naissance, l’écriture du récit se met en branle dès le début du séjour, projette un jadis dans le futur proche de l’écriture, comme si, cette fois-ci, il n’était plus question d’attendre. Metropolitan State University of Denver (CO) Jean-François Duclos 212 FRENCH REVIEW 87.3 ...
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