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L'école du ciel par Élisabeth Barillé

2021; American Association of Teachers of French; Volume: 94; Issue: 4 Linguagem: Francês

10.1353/tfr.2021.0106

2329-7131

Patrick H Moneyang,

Diverse Cultural and Historical Studies

Reviewed by: L'école du ciel par Élisabeth Barillé Patrick H Moneyang Barillé, Élisabeth. L'école du ciel. Grasset, 2020. ISBN 978-2-246-81227-2. Pp. 238. Qui était Aimée Castain? Dans un récit qui mêle allègrement histoire et fiction, l'auteure reconstruit, de ses origines à sa mort en 2015, la vie de la bergère-peintre française que les hasards de la vie placent sur son chemin. Tout part d'un projet: l'acquisition d'une maison en campagne. Élisabeth, écrivaine bien connue et auteure traduite en plusieurs langues, vit en couple avec Daniel, un avocat passionné de tableaux uniques. Portés par le désir de construire quelque chose de solide car, disentils, [End Page 225] chaque couple doit trouver son "ciment" ou le secret de la relation durable, Élisabeth et Daniel optent pour une maison, l'achat de celle-ci constituant, pour Élisabeth, la seule réponse valable à l'angoisse existentielle qui l'accable (44). Joignant le geste à la parole, ils s'installent dans une maison qui n'est autre que celle qu'habitait la bergère-peintre Aimée Castain, décédée à Banon en 2015. Dans cette maison où se croisent et s'unissent leurs destins, Élisabeth pénètre l'intimité et le passé de Castain, ce qui la conduit à faire revivre cet hôte d'un autre genre dont elle pense que "plus personne ne connaît son nom, aujourd'hui, ni son œuvre, [ni] ne sait quelle fut sa vie, à part Daniel et [elle]" (232). Malgré la mise en garde sur le caractère fictionnel des situations du roman, le portrait dressé par Barillé reste fidèle aux faits historiques. De même, avec son personnage éponyme, c'est bien l'écrivaine qui, dans une sorte de chassé-croisé, raconte simultanément sa vie et celle de Castain. De Castain, Barillé retient d'abord les origines modestes, puis l'enfance qui révèle un être caractérisé par la vivacité, l'intelligence et l'hypersensibilité. Elle dévoile en même temps ses années de formation dans la nature, sous le ciel des collines de son village, en vue du métier rude de bergère. Le mariage d'Aimée à Paul Castain, berger lui aussi, et sa vie de mère de famille de quatre enfants constituent un autre aspect important développé dans le roman, à l'évidence parce qu'il tranche avec le changement radical qui survient alors qu'elle a cinquante ans. Aimée Castain qui aura été bergère toute sa vie est piquée par l'aiguillon de la peinture et, en six saisons seulement, se fait un nom qui dépasse les limites de la ferme et s'étale dans les journaux (214). Le lecteur ne manquera pas de remarquer qu'en retraçant le destin singulier d'une bergère qui peignait ce qui l'enchantait et l'intriguait (162), Barillé choisit un point de vue délibérément philosophique. Son texte propose une riche réflexion et des proverbes sur divers thèmes touchant à des aspects tout aussi variés de la condition humaine tels que la mort, la vie, le déracinement, la perte, le couple, l'amour, le bonheur, l'incertitude, le temps, la vieillesse, la ville, le nouveau monde, etc. Cette parémiologie latente qu'on retrouve dans le texte constitue un enjeu important de l'écriture qui a le mérite d'offrir aux enseignants de littérature des axes de lecture efficaces. Patrick H Moneyang University of Wisconsin, Madison Copyright © 2021 American Association of Teachers of French