Artigo Revisado por pares

Postcolonial Realms of Memory. Sites and Symbols in Modern France by Étienne Achille, Charles Forsdick et Lydie Moudileno

2020; Volume: 35; Issue: 2 Linguagem: Francês

10.1353/nef.2020.0052

ISSN

2156-9428

Autores

Alexandra Gueydan-Turek,

Tópico(s)

North African History and Literature

Resumo

Reviewed by: Postcolonial Realms of Memory. Sites and Symbols in Modern France by Étienne Achille, Charles Forsdick et Lydie Moudileno Alexandra Gueydan-Turek Achille, Étienne, Charles Forsdick, et Lydie Moudileno , coordonnateurs. Postcolonial Realms of Memory. Sites and Symbols in Modern France. Liverpool, Liverpool UP, 2020. ISBN 9781789620665. 429 p. Voilà déjà plus de trois décennies, Pierre Nora introduisait le concept de “lieu de mémoire” dans son projet collectif éponyme. Cet outil heuristique devenu incontournable désigne les lieux, d’ordre fonctionnel, monumental ou symbolique, autour desquels une communauté aurait consigné ses souvenirs. À travers ce concept, l’historien invitait à repenser l’histoire nationale au jour de la mémoire collective française. Si cette œuvre a durablement marqué les réflexions autour du patrimoine (im)matériel où un certain imaginaire de la France s’inscrit, se reconstruit et se transmet, elle n’a pas manqué de déclencher la polémique par l’absence manifeste de lieux de mémoire coloniaux.1 Comme l’expliquent Étienne Achille, Charles Forsdick et Lydie Moudileno dans leur introduction au volume Postcolonial Realms of Memory, il s’agit là d’un “nationalisme méthodologique” (15) qui persiste dans les études les plus récentes. Preuve du rapport difficile et passionné de la France à son histoire, cette minoration du fait colonial s’inscrit dans une volonté d’opérer une césure entre l’histoire coloniale et l’histoire nationale (Bancel et al. 15; Achille 5–6). L’ouvrage collectif entend donc pallier cet impensé historique en réaffirmant “la place centrale du fait colonial” et de son legs dans la fabrique de la France moderne (2). À cette fin, les contributions adoptent le parti pris de considérer le territoire de la République dans son sens géopolitique le plus large et d’y inclure l’outre-mer (9). Et si la quarantaine d’essais réunis ne sauraient être exhaustifs, ils offrent néanmoins un panorama des lieux de mémoire postcoloniaux français dans et hors Hexagone inédit dans son ampleur. La première partie du volume, “Institutions,” passe en revue trois types d’institutions: archivales, scolaires et littéraires. “Archives” d’Oana Panaïté revisite l’entrée [End Page 286] originelle de Krzysztof Pomian (Nora 3999–4067), et réactualise le propos selon lequel l’archive moderne est “futurocentrique” en ce que “le lien qu’ell[e] maintien[t] avec le passé est subordonné à [son] orientation vers l’avenir” (Nora 4058). À travers l’étude des Archives nationales d’outre-mer et de la collection qu’abrite le Musée national de l’histoire de l’immigration (MNHI), l’auteure démontre que la pratique “archivale” institutionnelle privilégie l’image d’une France “terre d’accueil” au détriment de l’analyse critique du passé colonial (25), et qu’il incombe à la création littéraire de faire œuvre d’archive. “L’École républicaine” de Leon Sachs éclaire le débat sur les inégalités sociales et scolaires à travers une relecture du projet de Condorcet sur l’instruction publique, alors que “La Sorbonne” de Ruth Bush touche au rôle ambivalent de l’université française comme lieu d’acculturation des élites colonisées, et site de dialogues féconds de ces intellectuels avec les courants de pensées anticoloniaux (50). Dans “The Clamart Salon,” Tracy Denean Sharpley-Whiting rappelle le rôle essentiel des sœurs Nardal et de leur Salon dans l’élaboration d’un discours féminin racialisé en France, s’inscrivant à la croisée des langues et des cultures.2 Enfin, “Literary Prestige” de Claire Ducournau offre un survol des auteurs “francophones” ayant reçu la consécration, de l’attribution du Goncourt à René Maran en 1921 à la nomination de Dany Laferrière à l’Académie française en 2013, en passant par l’inclusion d’auteurs tels Aimé Césaire et Kateb Yacine aux concours de l’agrégation. La seconde partie, “Territory,” repense la cartographie mémorielle française. “Regions/Province,” de Kate Marsh, traite des résurgences de l’impérialisme au niveau local. Allant à l’encontre de l’idée reçue selon laquelle le si...

Referência(s)