Artigo Revisado por pares

Introduction à l’étude caribéenne

2020; Volume: 35; Issue: 2 Linguagem: Francês

10.1353/nef.2020.0036

ISSN

2156-9428

Autores

Laura Carvigan-Cassin,

Tópico(s)

Linguistic and Sociocultural Studies

Resumo

Introduction à l’étude caribéenne Laura Carvigan-Cassin (bio) En février 1996, soit cinquante ans après Tropiques, et vingt-cinq ans après Acoma (1971), la revue Portulan proposait la mobilisation de la conscience réflexive à travers l’état des lieux du parcours littéraire d’un chapelet d’îles, et exposait la fonction cognitive de la littérature des Caraïbes et des Amériques à l’aube de nouveaux champs métaphoriques et critiques. En 2002, la Revue de littérature comparée consacrait un numéro à la Caraïbe, espace comparatiste et lieu d’expression hybride. Quinze ans plus tard, cette même revue choisissait d’observer les formes de la vie littéraire et linguistique de cette entité du Sud, éclatée, redéfinie, trait d’union entre tradition et post-modernisme dans un numéro consacré à la valeur littéraire à l’épreuve de l’archipel caraïbe. La création théâtrale émergeant des Caraïbes était questionnée en 2010 dans un numéro double de la revue Africultures tandis que La Revue des belles-lettres prenait le parti, en 2015, de faire entendre les voix (reconnues ou moins familières, parfois traduites du créole) des poètes caribéens suivant le feu de leur “magicriture” et de s’intéresser aux fleuves intranquilles de la Relation créée au sein de ces Indes. En 2018, faisant suite à deux journées d’études à Aix-en-Provence, de jeunes chercheurs enrichissaient les perspectives des littératures caribéennes dans le onzième numéro de la revue MaLiCE. Sans prétendre à l’exhaustivité ni à la complétude d’un panorama, l’intérêt des revues pour cette histoire littéraire ne s’est pas démenti et permet de reconnaître de manière organique la Caraïbe comme lieu de circulations, d’influences et de conceptions discursives ininterrompues, irrégulières, porté par une volonté discontinue de dissidence et de confrontation vis-à-vis d’une Histoire en partitions. Les formes mouvantes de poétiques rassemblées, entre Atlantique et mer des Caraïbes, abordées de manière inédite par des chercheurs nouveaux, spécialistes de ces territoires antillais et guyanais, sont rendues sensibles et significatives au travers d’éclairages qui dépaysent ou actualisent. Les lectures sur cet espace emblématique, préfigurant les configurations mondiales contemporaines, exposent les trajectoires d’œuvres magnétiques comme lieux stratégiques d’expression d’une aire constamment repensée, mais souvent suivant des prismes prédéfinis. Les contributeurs de ce dossier de Nouvelles Études Francophones ont choisi de privilégier un point de vue qui se veut neuf, jeune, épinglant le conformisme [End Page 135] critique, égratignant les préconçus, résistant aux englobements ou aux exclusives. Dès lors, il ne s’agit pas de dresser un bilan des écritures de la carte maritime ou terrestre de la Caraïbe, du champ de bataille des idées, des luttes et des fractures, des errances identitaires insulaires ou continentales mais de proposer des instantanés de situations choisies des œuvres contemporaines de Gisèle Pineau, Simone Schwarz-Bart, Maryse Condé, Léon-Gontran Damas, Raphaël Confiant, Édouard Glissant, Guy-Régis Junior, Alfred Alexandre, Gaël Octavia, Bernard Lagier, Marlene NourbeSe Philip, Derek Walcott et Earl Lovelace notamment, en s’attachant aux angles qui établissent les littératures caribéennes comme centrales. L’histoire littéraire mondiale a été en effet enrichie des mouvements initiés par ces écrivains caribéens qui ont pu déranger ou séduire, mais qui ont proposé une dimension spirituelle nouvelle des humanités. La négritude a été définie comme nouvel humanisme, reconnaissance, exaltation de valeurs, instrument de lutte en faveur des opprimés. Nadia Yala Kisudiki a d’ailleurs rappelé ce que la philosophie avait “délibérément gagné” (2) au contact de la négritude. Les définitions nombreuses du mouvement ont rappelé qu’il s’inscrivait comme affirmation, mais les défenses et critiques l’ont érigé comme une occasion d’échanges, un rendez-vous pour les peuples du monde avec l’Afrique, ses complexités, son...

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