Artigo Revisado por pares

Du cri punk dans le western de banlieue : Une étude de « Turn Those Clapping Hands into Angry Balled Fists »

2021; Canadian Comparative Literature Association; Volume: 48; Issue: 2 Linguagem: Francês

10.1353/crc.2021.0017

ISSN

1913-9659

Autores

Louis-Thomas Leguerrier, Jeanne Mathieu-Lessard,

Tópico(s)

Canadian Identity and History

Resumo

Du cri punk dans le western de banlieue :Une étude de « Turn Those Clapping Hands into Angry Balled Fists » Louis-Thomas Leguerrier and Jeanne Mathieu-Lessard Comme l'ont montré des études historiques telles que Lipstick Traces : A Secret History of the Twentieth Century (1989) de Greil Marcus et Génération chaos : punk new wave de Christophe Bourseiller (2008), l'apparition du punk en tant que phénomène social, dans la foulée de l'association de Michael McLaren avec les membres du groupe Sex Pistols en 1977, fut tout autant une entreprise commerciale et publicitaire qu'une expérience esthétique et politique radicalement nouvelle.1 Or, si le vocable « punk » a déjà désigné « the pop magic in which the connection of certain social facts with certain sounds creates irresistible symbols of the transformation of social reality » (Marcus 2), il n'en est plus de même aujourd'hui, alors que nombre de groupes de musique et de pratiques culturelles se réclamant de l'héritage du punk sont intégrés à l'industrie au même titre que tous les autres biens culturels, de sorte que leur impact social est neutralisé. Alors que la violence manifestée sur la scène par un Johnny Rotten trouvait des échos dans les médias de masse qui criaient au scandale et contribuaient ainsi à faire du punk une véritable guerre culturelle, on assiste par la suite à une séparation toujours plus complète entre le punk comme exercice de provocation et de subversion sociale-duquel l'industrie et les médias se détournent complètement, le vouant à l'oubli-et le punk commercial, le punk comme bien culturel parfaitement intégré à l'industrie et considéré par plusieurs comme l'usurpation et la transposition d'un concept dans un contexte qui le vide de tout son sens. Ce phénomène de commercialisation du punk atteint des sommets à la fin des années 1990, alors qu'aux États-Unis, par exemple, le vocable « punk » ne désigne plus dans les médias de masse qu'une culture du surf et des beach parties.2 C'est dans ce contexte particulier que naît le groupe Against Me!, dont les membres sont originaires de la ville de Gainesville en Floride, qui ajoute une couche d'étrangeté sur la toile normalisée du punk commercial américain. Inspiré par le folk et le country, [End Page 205] la musique d'Against Me!, plutôt que sur une plage, dans un centre commercial ou sur une piste de snowboard, nous transporte dans les bars miteux où le cowboy pleure ses mésaventures et son mal de vivre, ou encore sur la route qu'il parcourt à la recherche d'une vie meilleure et pour fuir ses problèmes : « I'd leave behind my problems, and take them out with the empty bottles » (« Cavalier Eternal »). Comme l'indique le titre de leur deuxième album, Against Me! As the Eternal Cowboy, c'est as the eternal cowboy que le groupe se présente sur la scène du punk commercial américain. C'est-à-dire que le groupe se sert de la figure du cowboy pour mettre en scène une réflexion autoréférentielle sur sa propre situation dans l'histoire du mouvement punk.3 Comme le rappelle Gerfried Ambrosch dans son article « American Punk: The Relations between Punk Rock, Hardcore, and American Culture », la révolte contre le conformisme et l'aliénation de la banlieue américaine est un présupposé fondamental de la contre-culture punk dans sa version américaine : In the US, however, punk has been a middle-class rebellion against the boredom and the phoniness of suburbia, both as a place and as a state of mind. Even the bands that hailed from the big cities, such as the Ramones, carried this rejection of what they identified as a fake idyll in their hearts. By rejecting the norms and values of mainstream American culture, American punk produced something that can be described as an alternative sense of Americanness. (232) À la fin des années 1990, cette révolte contre la banlieue...

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