Le palais des orties par Marie Nimier
2021; American Association of Teachers of French; Volume: 95; Issue: 1 Linguagem: Francês
10.1353/tfr.2021.0251
ISSN2329-7131
Autores Tópico(s)French Urban and Social Studies
ResumoReviewed by: Le palais des orties par Marie Nimier Jeanne-Sarah de Larquier Nimier, Marie. Le palais des orties. Gallimard, 2020. ISBN 978-2-07-290129-4. Pp. 254. C'est une histoire qui se love, comme dans un nid, au creux d'une de nos vallées, en pleine terre normande, à la ferme, autour d'une maison sans éclat, dans la nature telle qu'elle est. La fermière Nora Philippe, le fermier Simon Carpentier et leurs deux enfants, Anaïs 17 ans et Noé 13 ans, se sont lancés, tout simplement pour en vivre, dans la culture biologique d'orties. La famille accueille Frederica, arrivée un jour plus tôt que prévu, venue de nulle part, d'emblée tutoyée, prénommée, surnommée. Cette jeune femme fascine, hypnotise. Son teint mat, ses boucles exubérantes contrastent avec le bleu de ses yeux, le blanc éclatant de ses dents. Fred est de la génération de ces jeunes adultes qui répondent aux annonces. Lorsqu'elle répond à l'une d'elles, une proposition du Wwoof pour dire World-Wide Opportunities on Organic Farms, elle sait qu'il s'agit d'un réseau mondial de fermes biologiques, qu'il est question pour elle d'un travail bénévole à la ferme, utile aux fermiers et intéressant pour elle-même. En lisant Le palais des orties, on se laissera surprendre par la magie des senteurs d'orties mêlée à celle de l'attirance, cette attirance qui, dans les histoires d'amour, hante à sa guise les dessous de l'amour. Le chien, la fermière Nora, son mari, ses enfants, tous sont aimantés à Frederica, tout juste arrivée à la ferme. Au fil du récit la relation entre Frederica et Nora enchaîne attirance et actualisation tandis que, au fil de la lecture, le lecteur est le témoin de l'escalade d'une relation amoureuse. Au travers de ce témoignage, le livre contribue à conceptualiser le rapprochement émotionnel, physique [End Page 256] et sensuel qui concerne deux femmes. À l'ombre de la chasse et des pesticides, sur fond de retour à la terre, monoculture, permaculture, de difficultés de gestion financière, de défense de la cause animale, de remise à l'honneur du dialecte rural et local, de couleur de peau métissée, noire ou blanche, d'homosexualité, etc., ce roman s'impose comme une main tendue à un monde actuel qui peine à trouver un équilibre. Le style ainsi que la construction linéaire s'accordent à éviter sans détour mise en abyme, récursivité, métaphores, mais canalisent humour et références culturelles, ils accèdent au chapitre des initiales, des majuscules pour infiltrer, tout à la fois, univers féminin et monde d'homme à homme. Pas de bouquet de fleurs, mais les champs d'orties en fleurs à la saison, de quoi laisser la nature l'emporter sur la poésie et placer, au-delà des explications et des descriptions, l'histoire au plus près de la réalité du quotidien de chacun. Jeanne-Sarah de Larquier Pacific University (OR) Copyright © 2021 American Association of Teachers of French
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