Artigo Revisado por pares

Histoire du fils par Marie-Hélène Lafon

2021; American Association of Teachers of French; Volume: 95; Issue: 1 Linguagem: Francês

10.1353/tfr.2021.0256

ISSN

2329-7131

Autores

Annie Bandy,

Tópico(s)

Historical Studies and Socio-cultural Analysis

Resumo

Reviewed by: Histoire du fils par Marie-Hélène Lafon Annie Bandy Lafon, Marie-Hèlène. Histoire du fils. Buchet-Chastel, 2020. ISBN 978-2-283-03280-0. Pp. 176. Il faut espérer que les polémiques autour des prix littéraires 2020 n'auront pas dissuadé le public de lire cet ouvrage, récompensé à juste titre par le Prix Renaudot, car c'est une perle rare. Histoire du fils est un roman qui se savoure à chaque page. Ancrée aux confins de l'Auvergne et du Lot, dans le Cantal d'où l'autrice est originaire, cette fresque familiale où géographie et histoire s'entremêlent soulève avec délicatesse les liens qui unissent trois générations, entrelacés comme les fils de la dentelle aux fuseaux natifs de cette région. L'écriture de Marie-Hélène Lafon, dont elle parle éloquemment dans Chantiers (2015), est d'une simplicité empreinte de vérité humaine, pleine de non-dits, de silences et pourtant extrêmement complexe, riche d'une foule de détails, de couleurs, d'odeurs, de sensations qui nous dévoilent avec finesse les secrets des personnages. Les petites phrases courtes, quelquefois sans ponctuation, s'enchaînent les unes aux autres par juxtaposition comme "des tuiles sur une toiture" (Chantiers). L'histoire du fils, celle d'André, procède par va-et-vient chronologiques et topographiques traversant un siècle, mettant en opposition les plateaux rudes aux vallées riantes: le pays d'en haut "pentu, bourru, caparaçonné de neiges interminables" (30), royaume perché du Nord d'où viennent les gabatch, mot "craché" (31) pour dire les sauvages, et le pays d'en bas des vallées du Lot où "un rien de vent vibre dans l'air chaud et bleu" (65). C'est là le berceau de cet enfant choyé, aimé par une fratrie faite surtout de femmes prêtes à tout pour le rendre heureux et surtout lui faire oublier que sa mère est absente "en solitude haute" (77) et lui "fils inconnu de père inconnu" (62). C'est au cœur de cette famille aimante et chaleureuse qu'André va s'épanouir et surmonter le désir de ce père fantôme, grâce aux femmes qui l'entourent, les tantes, les marraines, les cousines et plus tard son épouse, puis aussi et surtout la nature, la vallée qui a bercé son enfance, les platanes et la rivière. Car en réalité, si l'autrice s'attache à André, cette histoire commence bien avant, avec un autre fils d'une autre famille, Paul dont le jumeau mort atrocement brûlé, supplicié dira la famille, restera dans toutes les mémoires comme l'ombre vivante d'une douleur cachée, et se termine avec le dernier fils, Antoine au tournant du vingt et unième siècle. Tous les trois sont présentés chacun à leur tour dans une sorte de litanie généalogique qui s'enroule sur elle-même: Paul sûr de lui et de ses privilèges qui aime la pêche, la chasse et les femmes: "ça lui appartenait" (89), puis André le fils à la sensibilité délicate ayant passé "une vie entière à flairer les traces du père" (169), lui qui ensuite, passera le témoin à son propre fils Antoine désormais le gardien de cette filiation enchevêtrée, chargé de veiller sur les "reliques du gouffre de Padirac" (168) que sont les lettres, les photos et les secrets de famille. [End Page 251] Annie Bandy Earlham College (IN), emerita Copyright © 2021 American Association of Teachers of French

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