Artigo Revisado por pares

Identités françaises: banlieues, féminités et universalisme par Mame-Fatou Niang

2021; American Association of Teachers of French; Volume: 95; Issue: 1 Linguagem: Francês

10.1353/tfr.2021.0203

ISSN

2329-7131

Autores

Edward Ousselin,

Tópico(s)

French Urban and Social Studies

Resumo

Reviewed by: Identités françaises: banlieues, féminités et universalisme par Mame-Fatou Niang Edward Ousselin Niang, Mame-Fatou. Identités françaises: banlieues, féminités et universalisme. Brill Rodopi, 2020. ISBN 978-90-04-40722-0. Pp. xii + 327. Avec son titre au pluriel, Identités françaises signale immédiatement son objet et son positionnement parmi les débats actuels sur les défis posés au traditionnel universalisme républicain par l'émergence d'une société française de plus en plus diverse et multiculturelle. Dans L'archipel français: naissance d'une nation multiple et divisée (Seuil, 2019), Jérôme Fourquet a montré que la France fait désormais partie des pays "multiculturalistes" constitués d'agrégats communautaires plus ou moins stables et plus ou moins isolés les uns des autres. Dans Identités françaises, Mame-Fatou Niang aborde les évolutions de la question identitaire à travers des lieux perçus comme étant éloignés et séparés, les banlieues défavorisées, telles qu'elles sont vécues et représentées par des femmes. Comme l'explique Niang, son livre "se veut une étude des banlieues françaises solidement ancrée dans une perspective de genre" (28). Cette perspective l'amène d'une part à examiner les conditions réelles d'existence dans les banlieues, qui sont souvent inconsidérément représentées de façon excessivement négative par une grande partie des médias: "l'angle de traitement du 'problème' banlieue à partir des années 1980 va ironiquement nourrir et amplifier cette question" (32). Niang illustre son propos par des exemples bien choisis, tel l'extrait d'un article paru dans L'Express qui accumule les métaphores incendiaires (48). D'autre part—et c'est sans doute la partie la plus importante du livre—Niang analyse un grand nombre d'œuvres (romans, documentaires, films de fiction) créées par des femmes [End Page 237] qui expriment leur(s) identité(s) noire et/ou musulmane à l'intérieur d'une société française où elles sont fréquemment marginalisées. Niang rappelle à ce sujet que des auteures nées en France et écrivant en français voient rarement leurs romans décrits comme faisant partie de la littérature française: "Ces textes sont catalogués comme 'étrangers' ou 'beurs'" (122). Parmi les analyses d'auteures et d'œuvres, on appréciera tout particulièrement celle d'Une fille sans histoire (1989) de Tassadit Imache: "Plus qu'une exploration du moi, son roman se veut une interrogation du passé dans sa fonction collective, afin de mieux comprendre le présent" (150). Citons également le chapitre 2, où Niang fait une lecture croisée de Kiffer sa race (Habiba Mahany, 2008) et de N'ba (Aya Cissoko, 2016) afin d'explorer "l'écriture de l'espace au féminin" dans le cadre des "quartiers populaires marginalisés" (116). Les influences américaines ne sont pas oubliées dans ce livre: "La communauté noire en France se construit sur une copie (non)conforme de son pendant afro-américain et de la manière dont le traitement des Afro-Américains met en lumière des mécanismes d'inclusion et d'exclusion bien français" (299). J'ai lu ce livre avec enthousiasme jusqu'au chapitre 5, où Niang se fait à la fois juge et partie en opposant au film de Céline Sciamma, Bande de filles (2014), un documentaire qu'elle a elle-même co-réalisé, Mariannes noires (2016) . En faisant la promotion de son propre film, Niang affaiblit son argumentation et son statut de critique. Cela dit, l'essentiel de ce livre est à lire pour l'éclairage qu'il apporte sur tout un pan de la production littéraire et cinématographique d'une France qui évolue rapidement. Edward Ousselin Western Washington University Copyright © 2021 American Association of Teachers of French

Referência(s)
Altmetric
PlumX