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Le soleil est battu par Rochelle Fack

2021; American Association of Teachers of French; Volume: 95; Issue: 1 Linguagem: Francês

10.1353/tfr.2021.0235

2329-7131

Patrick H Moneyang,

Psychoanalysis and Psychopathology Research

Reviewed by: Le soleil est battu par Rochelle Fack Patrick H Moneyang Fack, Rochelle. Le soleil est battu. P.O.L, 2020. ISBN 978-2-8180-5034-7. Pp. 224. Le polyamour—c'est à dire le fait d'éprouver des sentiments amoureux pour plusieurs personnes en même temps, tout en les aimant parfois différemment—est au cœur de l'expérience de Doris, une infirmière vivant dans le Muy en France. Elle souffre de syllogomanie, un trouble psychique se caractérisant par une accumulation compulsive d'objets. Néanmoins, elle n'est pas affectée par le syndrome de Diogène qui en est une composante. Pour preuve, son entourage ne sait rien de son problème. Comme mesure pour se prémunir d'une éventuelle crise, la jeune femme est consciente du fait qu'elle ne doit ni s'engager en amour ni s'impliquer en amitié. Car, affirme-t-elle, si elle éprouve quelque chose de trop fort, elle risque d'être fragilisée et de se remettre à accumuler des étoffes. Mais Doris est hantée par deux choses. D'une part, il y a le sentiment d'être au bord de quelque chose qui promet une rupture (14). D'autre part, il y a la forte envie de vivre quelque chose de nouveau, d'avoir des aventures et d'être une femme "comme ça, une coucheuse, une dragueuse" (78). Un jour, alors qu'elle est au travail, elle reçoit l'appel d'Éliane qui n'est autre que la mère de Xavier Scott avec qui elle a été, 22 ans plus tôt, au lycée. Elle lui annonce la mort de Xavier et l'invite à son enterrement le lundi suivant. Sans pour autant être choquée par cette nouvelle, ou encore être gênée de l'associer à l'envie de plaire (49), Doris prend la résolution d'être la plus belle pour cet enterrement. C'est d'ailleurs où, plus tard, elle fera la connaissance d'Aurèle le cadet de Xavier. Elle en tombe amoureuse. Cependant, ce nouvel amour pour Aurèle se développe en même temps que celui qu'elle n'a jamais cessé d'éprouver pour Xavier qui, quoique mort, continue de l'obséder. Or, si Doris semble bien s'épanouir dans cette relation à trois, entre un mort et un être vivant qu'elle aime tous deux avec la même intensité, Aurèle, lui en revanche, a du mal à s'adapter à ce triangle amoureux qui inclut en permanence le souvenir de son frère. Le récit met de ce fait, de manière subtile, l'amour du corps mort et du mourant. Cette relation à la mort est évidente dans le quotidien de Doris, héroïne et narratrice, qui travaille en unité de soins palliatifs de l'hôpital de Fréjus où elle accompagne les mourants. Son témoignage est un réquisitoire contre la politique de la mort dans la société occidentale. Celle-ci, déplore la narratrice, se centre autour d'un effort de masquer la mort pour prôner la survie ou le sauvetage des âmes: il s'agit là, d'une "très grosse connerie" (60). Tout en s'insurgeant contre cette manière de faire, Doris prône un meilleur accueil de la mort sinon, avertit-elle, ça deviendra le chaos. Alors que la pandémie de Covid-19 nous remémore le traumatisme de la mort, ce récit vient nous pousser à réévaluer notre rapport à la vie, et partant, à la mort. [End Page 247] Patrick H Moneyang Pacific Lutheran University (WA) Copyright © 2021 American Association of Teachers of French