Balzac lecteur des romanciers de son temps (1825-1840)
2021; Presses Universitaires De France; Volume: n° 22; Issue: 1 Linguagem: Francês
10.3917/balz.022.0193
ISSN1969-6752
Autores Tópico(s)Diverse Cultural and Historical Studies
ResumoDe 1824 quand il termine ses « Premiers romans » et songe à une Histoire de France pittoresque plutôt scottienne, jusqu’à 1840, Balzac a lu aussi bien ceux qu’il appelle une fois les « infimes » que des écrivains en vogue qu’il prise plus ou moins ou des écrivains majeurs, mais à tous, le plus souvent, il accorde une sérieuse, minutieuse attention, argumentant et analysant dans le détail. Parfois, au vrai, il lit partiellement. Il lit aussi en fonction de ses préjugés et convictions, libéral à ses débuts, légitimiste avoué après 1831. Jusqu’à cette date, journaliste prisé, mais journaliste parmi d’autres, il s’astreint à une certaine prudence. Ensuite, devenu un auteur d’importance, il affirmera un peu plus nettement ses points de vue, mais tout en sachant ménager au besoin certains de ses confrères. Enfin, en 1840, dans le premier numéro de la Revue Parisienne , le 25 juillet, il expose son Code de la lecture, d’une totale liberté mais fondée sur une instruction positive, approfondie, et sa conception de l’art littéraire. Il condamne absolument les digressions, ces hors-d’œuvre appelés tartines (précisément il n’y en pas chez Stendhal). Il veut un plan fortement noué (cela manque à G. Sand). Le lecteur croit l’auteur si l’auteur croit en lui-même. Il faut donc bannir toutes ces notes (chez Latouche, chez Sue) qui veulent prouver. À l’été 1840 il veut dire, sur une question essentielle, l’enseignement qu’il tire de ses lectures du moment. La vérité de l’art n’est pas celle de la nature. Le lecteur doit être convaincu que les personnages sont vrais. Ils doivent en tout cas le paraître, grâce aux choix judicieux de l’auteur, à son sens et à son intuition littéraires. Balzac notait dans la Physiologie du mariage : « lire c’est peut-être créer à deux ». Les œuvres intéressantes mais évidemment imparfaites, même des œuvres, à nos yeux, accomplies ( La Chartreuse de Parme ), il a tendance à vouloir les recréer avec l’auteur, pour les rendre bien meilleures… « balzaciennes » pourrait‑on dire. Balzac est donc un lecteur pointilleux, parfois acerbe, mais ouvert aux vraies beautés, et capable d’adresser à Stendhal le plus bel hommage qu’un romancier ait rendu à un autre romancier. En tout cas il ne lit pas en spectateur détaché mais en créateur toujours engagé.
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