Le baiser dans l’œuvre poétique de Pablo Neruda
2014; Centre de recherche interuniversitaire sur les champs culturels en Amérique latine; Volume: 45; Linguagem: Francês
10.4000/america.742
ISSN2427-9048
Autores Tópico(s)Diverse multidisciplinary academic research
ResumoQu'est-ce qu'un baiser ? Un très prosaïque mouvement labial et musculaire dans les écrits de jeunesse (Cuadernos de Temuco 1919-1920) de celui qui ne se nomme pas encore Pablo Neruda mais Neftalí Reyes Basoalto, précis et entraîné dans Residencia en la tierra (1925-1935), adorable caresse dans Veinte poemas de amor y una canción desesperada (1924), ivresse sublime d'une bouche sucrine dans Cien sonetos de amor (1959). Le baiser nérudien est érotisme et poésie, poésie parce qu’érotisme. Au cours de cette communication, nous avons l’occasion d’aller au-delà de cette première typologie du baiser et de démontrer que le baiser nérudien, conçu comme don destiné à peindre ce que le corps du sujet lyrique et/ou du lecteur refuse de voir, est précisément l’acte par lequel la création poétique et acoustique est rendue possible. Baiser donné ou volé, consenti ou réclamé à la « abrasadora boca » (prologue de Cien sonetos de amor), écrit fiévreusement ou soufflé de la main, nous découvrons que le baiser nérudien, mouvement du corps à la recherche du souffle de l'autre qu’il ne voit pas mais ressent, mouvement du corps du poème à la recherche de sa voix poématique, est bien une « danse laryngo-buccale » (André Spire), mystique et érotique, sans laquelle le sujet lyrique n’existerait absolument pas. Il est vibration continue et entêtée, bruissement de la langue porteur de paroles actives et de silences sonores. Il est poésie. En définitive, ce qui se joue dans le baiser, n’est-ce pas cette épiphanie de la présence qui fait qu’aujourd’hui la voix poématique nérudienne résonne, encore et toujours ?
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