Marc Crépon, Vivre avec. La pensée de la mort et la mémoire des guerres
2009; PUN - Lorraine University Editions; Issue: 15 Linguagem: Francês
10.4000/questionsdecommunication.1002
ISSN2259-8901
Autores Tópico(s)Historical Studies and Socio-cultural Analysis
ResumoEn 1971, George Steiner, avec son ouvrage Dans le château de Barbe Bleue.Notes pour une redéfinition de la culture (trad.de l'anglais par Lucienne Lotringer, Paris, Gallimard) montrait que l'on ne pouvait plus penser de la même manière après l'expérience du siècle passé.Impossible de faire comme si, après la suppression de ces millions de vies de 1914 à 1945, rien ne s'était passé, comme si tout cela n'avait été qu'un accident, qu'une parenthèse dans l'Histoire.La mémoire des guerres et des atrocités devenues des possibles de l'humain oblige la pensée à abandonner ses anciens sujets contemplatifs, la recherche de la vérité, la seule métaphysique, ou le perfectionnement de ses arts poétiques.La voilà réquisitionnée par la politique et l'Histoire, détournée de ses rêves de bonheur et d'accroissement des affects de joie.Ceux mêmes parmi les philosophes qui voyaient une antinomie à ajouter à leur activité l'adjectif de politique ont dû, bon gré mal gré, prêter attention à l'expérience du XX e siècle. 2Vivre avec signifie, pour Marc Crépon, penser en compagnie des guerres et des massacres, donc de la présence accrue de la mort, et il se pourrait qu'un nouveau régime du vivre et du représenter cette mort (aussi de la communauté des morts et des vivants) soit apparu.Nous ne serons plus jamais les mêmes.Cela nous l'avons su très tôt lorsque Freud, dès 1915 dans ses Considérations actuelles sur la guerre et la mort (OEuvres complètes, vol.XIII, Paris, Presses universitaires de France, trad.de l'allemand par André Bourguignon, Alice Cherki, Pierre Cotet, pp.125-160), prenait acte d'une désillusion fatale.La culture commune aux peuples européens a été incapable d'enrayer
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