Les multiples visages de la guerre dans La Nuit de la lézarde de Malika Mokeddem
2004; University of North Carolina Press; Volume: 45; Issue: 1 Linguagem: Francês
ISSN
2165-7599
Autores Tópico(s)African Studies and Ethnography
ResumoLE roman de Malika Mokeddem, La Nuit de la lezarde, sorti en 1998, suit de pres la parution d'autres ouvrages denoncant les violences en Algerie, tels L'Interdite (1993) et Des Reves et des assassins (1995). 1 Pourtant, il peut sembler assez surprenant d'y voir traite le theme de la guerre. En effet, de tous les livres de Mokeddem, celui-ci est le moins polemique, le moins denonciateur, le moins violent ; celui qui dispense au contraire une poesie defendant la vie et l'amour. Cependant, sous des apparences d'apaisement, La Nuit de la lezarde est egalement un roman qui s'engage et qui denonce les intolerances et les manques de la societe a l'egard des minorites, des opprimes, des deracines. Seulement cette fois le message est passe sous l'innocence apparente d'une ecriture lyrique, ce qui donne finalement plus de poids a la reflexion profonde et a la prise de conscience : > (Helm 2001). En parcourant cette oeuvre poetique et touchante--avec ses superbes evocations du desert, de la terre et du ciel--nous sommes frappes par le recourt frequent a un vocabulaire > qui semble trancher avec le climat de paix desire par l'auteur. Malika Mokeddem aurait-elle voulu nous decrire une forme de guerre sous-jacente--voire meme plusieurs formes de la guerre, comme nous le verrons ? Ainsi, nous allons mettre en evidence que le destin de deux etres, meme eloignes des brutalites et des horreurs d'une Algerie en plein bouleversement politique et social, peut egalement engendrer d'autres formes de violence, moins demonstratives mais toute aussi intenses car ancrees dans la realite de la nature humaine. L'action du roman est contemporaine et se deroule dans un village du Sahara algerien (appele un ksar), abandonne par ses habitants parce que les conditions de vie et de securite n'etaient plus satisfaisantes ; des habitants qui se sont >, refugies dans une nouvelle implantation plus accueillante. Seuls demeurent dans le ksar quelques irreductibles du desert, des resistants, parmi lesquels une jeune femme, Nour, et son voisin aveugle, Sassi. L'endroit abandonne par ses anciens occupants est compare a un champ de bataille jonche de ruines : > (46) ; ou a un cimetiere peuple des cadavres d'un passe recent : > (40). Les references a la guerre ont de multiples implications dans ce roman : il y a la violence physique et ideologique, la violence culturelle et morale, la violence de l'absurde venant de l'exterieur et la violence des sentiments venant de l'interieur. Notre etude traitera chacune de ces formes de violence. La premiere partie aura pour objet de montrer la presence de l'integrisme religieux, meme au milieu du desert ou les personnages prennent conscience d'une intolerance toujours actuelle. En effet, comme le roman le laisse entendre, il n'y a aucun sanctuaire contre la violence : --Comme si la guerre pouvait prendre ici. --Mefie-toi, c'est toujours dans les zones qu'on a voulu croire preservees a jamais qu'elle a fini par exploser avec la plus grande sauvagerie. (33) Dans une deuxieme partie, nous elargirons cette guerre de resistance contre les islamistes a la lutte contre d'autres traditions qui oeuvrent encore davantage a emprisonner les esprits d'une facon plus insidieuse. La partie suivante developpera l'allegorie de l'invasion du desert pour illustrer la lutte sans finalite contre les forces de la nature et le destin. La derniere partie (qui prolonge la precedente) etendra les perspectives d'interpretation de ces representations plutot brutales de la vie a une lutte pour l'identite a travers la quete amoureuse des personnages. …
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