Artigo Acesso aberto Revisado por pares

Work, Violence and Cruelty

2010; Volume: n° 357; Issue: 3 Linguagem: Francês

10.3917/eufor.357.0029

ISSN

2410-9231

Autores

Elissa Mailänder,

Tópico(s)

European history and politics

Resumo

Résumé Cet article étudie, dans une perspective d’histoire du quotidien, les actes de violence individuels commis par le personnel SS masculin et féminin au camp de concentration et d’extermination de Majdanek (1941-1944), dans la Pologne occupée. Il donne un aperçu de trois formes exemplaires de la violence concentrationnaire et génocidaire – l’extermination, les mauvais traitements physiques et la cruauté – et s’interroge sur le contexte situationnel, les dynamiques sociales et les significations culturelles en termes de culture et société du quotidien, dans le camp de concentration. La première partie analyse la violence génocidaire « officielle », montrant comment le chef du crématorium de Majdanek, Erich Muhsfeldt, a conçu l’extermination comme un « travail » quotidien. La compréhension de l’extermination comme un travail quotidien a constitué un cadre normalisant ou légitimisant, et motivant pour la réalisation de ces tâches, et a formé la base de cette « éthique de travail ». La deuxième partie se concentre sur les actes de violence individuels et non officiels, en plaçant les formes les plus fréquentes de violence utilisées par les gardiens dans un contexte microsocial. Ceci montre le caractère communicatif de ces violences. La troisième partie éclaire les pratiques de violence qui semblent les plus incompréhensibles, en raison de leur « surplus » de violence : un type de cruauté qui, quand il est vu dans la perspective de ses auteurs, apparaît comme une forme d’autoapprentissage qui permet de se construire et de s’assumer. Cet article considère que la violence physique qu’exercèrent de façon quotidienne les équipes SS subalternes dans les camps nazis n’était pas ordonnée d’en haut, mais était plutôt le fait d’une appropriation d’un contexte de travail et de vie par les acteurs sur le terrain. De même, la violence quotidienne ne tourne pas seulement autour de la relation entre auteurs et victimes, mais d’abord et surtout autour des relations complexes à l’intérieur de la « société » des auteurs de violences. L’article considère finalement que la cruauté était considérée comme une importante représentation de soi-même.

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