Artigo Revisado por pares

Le détour par Alexis Weinberg

2021; American Association of Teachers of French; Volume: 95; Issue: 2 Linguagem: Francês

10.1353/tfr.2021.0323

ISSN

2329-7131

Autores

Edward Ousselin,

Tópico(s)

Diverse Cultural and Historical Studies

Resumo

Reviewed by: Le détour par Alexis Weinberg Edward Ousselin Weinberg, Alexis. Le détour. Gallimard, 2021. ISBN 978-2-07-287591-5. Pp. 152. Un homme écrit une lettre à une femme, retraçant en partie l'histoire de leur couple, qui semble toucher à sa fin. Dans sa lettre, qui constitue la totalité de ce court roman, le narrateur sans nom revient également sur un épisode marquant de son adolescence, ainsi que sur sa curieuse activité professionnelle: consultant en assurance obsèques (ce qui l'amène à se rendre chez des inconnus pour effectuer des entretiens plutôt que pour vendre des polices d'assurance). On sait relativement peu de choses sur le narrateur et sur la femme à qui cette lettre est apparemment destinée. Ayant dépassé la trentaine d'années, le narrateur se remémore de façon quasi obsessionnelle des souvenirs souvent humiliants liés au groupe de jeunes dont il faisait partie durant l'été de ses quinze ans. Le récit de ces souvenirs alterne avec la description de sa journée de travail, qui s'apparente à une errance urbaine empreinte d'étrangeté, d'un sentiment d'impuissance et d'inutilité. Le va-et-vient temporel est associé à la façon dont est structuré le roman. On apprend très tôt que la lettre du narrateur est en fait une longue réponse à une première lettre fort inattendue que lui a laissée la femme avec qui il vit: "C'était la première fois que je recevais une lettre de toi" (11). Au cours de ses déambulations à but censément professionnel à travers la ville, le narrateur fait souvent référence à cette première lettre qu'il porte sur lui, qu'il a pourtant du mal à retrouver—"J'ai plongé la main dans ma poche: mes doigts n'ont pas trouvé ta lettre, avait-elle pu glisser dans la rue?" (75)—et qui, nous l'apprenons peu à peu, contient une annonce capitale. La fin de la lettre et donc du roman mènerat-elle à une transformation décisive dans la vie de cet homme jusque-là peu enclin à choisir, à s'engager? Au-delà de sa fonction initiale de réponse à un premier message épistolaire, la lettre semble répondre au besoin qu'a le narrateur d'examiner son parcours personnel, de reconsidérer d'où il vient et comment il est devenu cet être depuis longtemps flou qui doit désormais mieux se définir: "Écrire pour savoir pourquoi écrire, je ne crois pas qu'il y ait quelque autre motif qui vaille" (151). On songe parfois en lisant ce livre à Une si longue lettre (1979) de Mariama Bâ, avec la dimension sociale en moins. Alexis Weinberg, dont c'est le premier roman, écrit avec aisance et fluidité. Malheureusement, l'accumulation des "je", "me/moi" et autres "ma/mon/mes" devient lassante, ce qui produit un bizarre effet d'identification à la lecture de certaines phrases: "Plus que moi encore, je l'avais senti las" (60). Le récit du narrateur capte l'intérêt du lecteur à ses débuts et lors de sa conclusion, mais rarement au milieu. Espérons que l'auteur trouvera pour son prochain roman un sujet qui n'évoque pas constamment le mot "nombrilisme". [End Page 276] Edward Ousselin Western Washington University Copyright © 2021 American Association of Teachers of French

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