Artigo Revisado por pares

Grand Platinum par Anthony Van Den Bossche

2022; American Association of Teachers of French; Volume: 95; Issue: 3 Linguagem: Francês

10.1353/tfr.2022.0063

ISSN

2329-7131

Autores

Michèle Bacholle,

Tópico(s)

Historical Studies and Socio-cultural Analysis

Resumo

Reviewed by: Grand Platinum par Anthony Van Den Bossche Michèle Bacholle Van Den Bossche, Anthony. Grand Platinum. Seuil, 2021 ISBN 978-2-02-146916-5. Pp. 157. Palais-Royal, rue Saint-Honoré, le Ritz, l’île Saint-Louis et son aristocratique quai de Bourbon où un jardin suspendu offre une vue imprenable sur Notre-Dame dont la flèche s’enflamme et choit au cours du roman, c’est dans un Paris huppé que nous suivons Louise Baltard. Directrice de sa propre agence de presse, elle s’évertue à convaincre Stan, designer capricieux et colérique, de livrer un énième prototype de flacon au service marketing d’un parfumeur alors que lui rêve d’une collection d’art contemporain exposée dans un jet-musée entre Paris et New York. Square des Batignolles, square du Temple, parc Monceau, c’est dans un Paris plus naturel que nous suivons Louise dont le demi-frère vit en reclus dans une chambre de bonne. Leur père, ancien médecin et grand amateur de Nishikigoï, carpes japonaises, vient de décéder. Il avait découvert Matsuba, Kigoï, Kohaku, Ochiba et autres Koïs grâce à son ami propriétaire d’une animalerie sur les quais. Parmi les spécimens ramenés à Paris se distingue le Sanke noir, blanc et rouge du père, rare de par sa parfaite symétrie, “chaque écaille rouge avait sa réplique noire sur le flanc opposé, chaque motif noir reflétait son jumeau rouge. Saito était parfaitement symétrique. Une aberration génétique” (32). Héritière de poissons disséminés dans divers plans d’eau de la rive droite, Louise se donne pour mission de les rassembler et doit donc sauver Saito, vendu au prix d’une voiture par un jardinier peu scrupuleux mais connaisseur de la valeur de ces carpes nées d’un frémissement génétique inadvertant alors que les paysans de Niigata cultivaient le riz et stockaient des carpes pour leur consommation personnelle. Devenus des éleveurs de poissons d’ornement, les koishi avaient croisé les espèces, créant “de nouvelles variétés, écaille par écaille” (21), finalement aussi outrancières que les projets de Stan. Le sauvetage de Saito, “Opération commando: une nuit, trois squares. Plus une terrasse sur l’île Saint-Louis le lendemain matin” (100), qui nécessite planification, subterfuges et la coopération des anciens amis du père et même d’un SDF, n’ira pas sans embûches et permettra à Louise d’apprendre l’acte héroïque de son père au Japon. Sans lui, les lignées de carpes qu’une famille d’éleveurs avait héritées d’un aïeul auraient été emportées dans un séisme. En retour, il reçut Saito, symbole de reconnaissance mais également de perte et d’échec puisque échappe au père lors d’une réplique un grand Platinum, “carpe monochrome, d’un blanc pur et métallique” (131). Ce roman où tout est minutieusement agencé nous initie, en le pratiquant lui-même, au hinkaku, “la prestance des carpes. Cette façon d’évoluer avec grâce entre deux eaux, d’envahir l’espace de sa présence douce et altière” (39). Nous nageons entre illusion et vérité, entre art et fonctionnalité, entre un Paris superficiel au chic surcoté et un Paris aquatique et végétal, profondément humain. Aux boulevards haussmanniens et à l’“empilement métallique” à “l’architecture virtuose” d’Eiffel (25), veuillez préférer lors de votre prochaine visite les squares et espaces conçus par Adolphe Alphand, peut-être y verrez-vous Saito et ses congénères! [End Page 262] Michèle Bacholle Eastern Connecticut State University Copyright © 2022 American Association of Teachers of French

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