Artigo Revisado por pares

Deux femmes et un jardin par Anne Guglielmetti

2022; American Association of Teachers of French; Volume: 95; Issue: 3 Linguagem: Francês

10.1353/tfr.2022.0023

ISSN

2329-7131

Autores

Annie Bandy,

Tópico(s)

Psychoanalysis and Psychopathology Research

Resumo

Reviewed by: Deux femmes et un jardin par Anne Guglielmetti Annie Bandy Guglielmetti, Anne. Deux femmes et un jardin. Interférences, 2021. ISBN 978-2-909589-44-2. Pp. 95. L’entrelacs de tiges, ronces et herbes folles représenté sur la couverture de cette édition évoque avec justesse ce qu’on va découvrir dans le texte: un microcosme de la nature tout entière. Anne Gugliemetti nous entraîne au plus profond du jardin secret qui sera le lien entre les deux femmes du titre, sauvage mais accueillant, délaissé mais bienveillant “le tout en friche [...] manifestement abandonné” (21). Le roman aurait pu s’intituler Mariette et Louise puisque ce duo improbable, que tout au demeurant sépare, se retrouve côte à côte dans la contemplation des “îlots de lumière investis par les longues tiges nues des rosiers” (40), telles deux voyageuses immobiles “sur la passerelle d’un navire qui avait [...] largué les amarres” (46). L’une sans âge, marquée par les tribulations de la vie, comme sortie d’un temps reculé où la servitude a toujours cours, l’autre, adolescente mutique puisque personne ne s’intéresse à elle. Ces silences sont justement ce qui les réunit comme un rituel, assises sur leur banc, stupéfiées par les formes et les couleurs. C’est dans la description des bosquets, des lilas, des seringas, des coquelicots, des akènes semés aux vents et des candélabres roses du marronnier que le texte trouve une puissance extraordinaire, rappelant avec force l’observation d’Agnès Varda dans son film Les plages d’Agnès (2008): “Si on ouvrait les gens, on y trouverait des paysages.” Ici aussi, des pages entières racontent le jardin et les effets qu’il produit sur Mariette et Louise. Il ne serait pas exagéré de dire que ces effets sont thérapeutiques et modifient imperceptiblement, mais durablement, le comportement des deux femmes, relevant Mariette d’on ne sait quel ancien traumatisme, “les désillusions d’autrefois, plus cuisantes que l’ortie, plus acérées que la ronce” (45) et consolant Louise de sa solitude. La symbiose entre elles et le jardin est d’une rare intensité, à la fois par sa splendeur végétale et par les gestes qu’il requiert: “Mariette [...] délivrait le vivant du mort, et gardait du second ce sans quoi le premier ne pourrait vivre” (41). Chaque coup de serpe est une bataille remportée contre les fantômes du passé qui l’avaient obligée à filer droit, “plier, plier jusqu’à se rompre” (26) mais qui finissent par se taire (38). Petit à petit, grâce à leur complicité mais sans aucun commentaire superflu, les deux solitaires semblent reprendre goût à la vie, partant en promenades, en visites, en pique-nique, toutes choses aussi simples qu’inhabituelles pour elles deux. Le départ de Louise vers sa vie d’adulte ne laissera pas un vide insurmontable maintenant que Mariette est amarrée à sa bicoque, son chat et son jardin. Elles se sauront reliées même à travers l’absence et les non-dits. La fin du roman, si elle ne constitue pas une complète surprise, apporte une conclusion pleine de tendresse et lourde de sens, une façon pour Mariette de sortir victorieuse de la bataille avec son destin. [End Page 245] Annie Bandy Earlham College (IN), emerita Copyright © 2022 American Association of Teachers of French

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