Artigo Acesso aberto Revisado por pares

Romanesque et ordinaire dans la prose de l’ère Meiji

2022; Issue: 345 Linguagem: Francês

10.4000/rsh.590

ISSN

2540-3362

Autores

Nicolas Mollard,

Tópico(s)

Linguistics and Discourse Analysis

Resumo

A priori, rien n'est plus éloigné de la société japonaise de la seconde moitié du xix e siècle que l'attention esthétique portée au quotidien.De l'irruption des bateaux noirs qui forcèrent l'ouverture du pays (1853) aux premières guerres impérialistes contre la Chine (1894-1895) puis la Russie (1904Russie ( -1905)), la période fut traversée par de tels bouleversements sociaux et politiques que les consciences furent plutôt marquées par un sentiment d'instabilité.Le champ littéraire aussi se transforma radicalement, à tel point qu'en l'espace de quelques années seulement le roman s'imposa comme la quintessence de l'expression littéraire 1 .Malgré la nouvelle hégémonie du roman, s'il fallait chercher un intérêt pour le quotidien dans la littérature de l'époque, on se tournerait spontanément vers d'autres genres : le journal intime, la poésie, ou les écrits au fils du pinceau (zuihitsu).Mais quelques décennies plus tard, au début du xx e siècle, le roman japonais semble avoir pris une physionomie qui retiendra l'attention de quiconque s'intéresse à une esthétique du quotidien.Je songe ici bien sûr au « roman du moi » (shi-shôsetsu), qui privilégie un matériau puisé dans l'entourage immédiat de l'auteur, mais davantage encore aux écrivains issus de la revue Hototogisu (Le Coucou), parmi lesquels figure Natsume Sôseki 2 .Un des plus grands spécialistes français de la littérature japonaise, René Sieffert, résumait en ces termes le dernier roman inachevé de Sôseki, Clairobscur (Meian, 1916) : L'intrigue est inexistante, les personnages sont des gens ordinaires dont le comportement est banal ; sans doute l'auteur voulait-il démontrer que la 1.-Emmanuel Lozerand, Littérature et génie national.Naissance d'une histoire littéraire dans le Japon du xix e siècle, Les Belles Lettres, 2005, p. 233-48.2.-Le nom de famille précède le prénom ou le nom de plume dans les noms propres cités dans cet article, selon l'usage au Japon.Par ailleurs, le terme « zenshû » fréquemment employé dans les références en notes de bas de page signifie « oeuvres complètes ».

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