Artigo Revisado por pares

La femme que nous sommes par Emma Deruschi

2022; American Association of Teachers of French; Volume: 95; Issue: 4 Linguagem: Francês

10.1353/tfr.2022.0093

ISSN

2329-7131

Autores

Michèle Bacholle,

Tópico(s)

Psychoanalysis and Psychopathology Research

Resumo

Reviewed by: La femme que nous sommes par Emma Deruschi Michèle Bacholle Deruschi, Emma. La femme que nous sommes. Flammarion, 2021. ISBN 978-2-0802-5087-2. Pp. 256. Qui est le plus obscène? Le policier qui qualifie de gestes malheureux les coups du mari ou la banquière qui conseille d'éliminer les dépenses superflues à la mère acculée à choisir entre le loyer et le manger? Qui est le plus révoltant? Le mari qui tabasse sa femme dans le secret de leur appartement cossu ou les passants qui s'émeuvent plus devant le chien de la SDF que de la dangerosité de sa condition? Voilà un aperçu des "violences faites aux femmes"—selon l'expression galvaudée—que Deruschi nous donne à voir dans ce premier roman dont nous sortons K.O. Demain, Elisa, jeune kinésithérapeute, épouse bafouée et battue d'un chirurgien rencontré dans une soirée étudiante et mère d'une petite Lucie, mettra à exécution son plan de fuite, bien que son mari Loïc impose de multiples interdits et surveille ses dépenses, le kilométrage sur sa voiture et ses fréquentations. Fuir s'est imposé comme la seule solution non violente. Demain, Lucie et elle prendront le train pour rejoindre la seule personne dans la confidence. La veille, Elisa aura revu sa vieille patiente, donné argent et victuailles à Lénita la SDF, refusé de prendre un verre avec ses amies, exprimé sa gratitude à la nounou pour le ménage et le repas du soir qui lui éviteront l'ire de Loïc, donné un chèque à sa sœur pour couvrir la cantine de ses neveux et le loyer et les factures en souffrance. Elle aura attendu Loïc, toujours pas rentré à 1h22 quand le portable d'Elisa vibre et que les mots affectueux de son collègue amènent sur ses lèvres un sourire qui lui coûtera cher. Sans voiler d'euphémismes la violence subie par des femmes comme Elisa, Deruschi ne leur fait pas l'affront de l'exhiber gratuitement et blâme catégoriquement agresseurs, prédateurs et hommes qui comparent la racée Gabrielle à une lionne ou pour qui un non gentil équivaut à un oui. Outre la violence conjugale (celle des coups comme celle de l'abandon), Deruschi dénonce celles que les femmes subissent aux mains du système juridique (qui octroie la garde partagée des enfants aux maris violents), aux mains des médecins (qui refusent de ligaturer les trompes des réfractaires à l'enfantement), aux mains des autres femmes (par compétition intrasexuelle), sur les réseaux sociaux, dans la rue (où la SDF "dérange"), dans la société (où la transgenre peine à s'insérer). Deruschi dénonce la violence encourue par la petite fille cachée sous son lit, la jeune fille dans sa "course frénétique à la validation" (35), la femme âgée forcée de "s'estomper" (50) mais qui nous enjoint néanmoins: "tu n'as pas à subir ou accepter les violences qu'on t'impose" (29). Opportun, ce roman prône les bienfaits, voire la nécessité de la sororité. Dialogues et scènes répétés selon divers points de vue tissent du lien en même temps que le roman. Puisque "nous sommes cette femme", au mieux militons comme Jeanne, l'influenceuse beauté devenue activiste, "pour un monde plus juste" (133); au minimum faisons don d'une boîte de tampons à une Lénita locale. [End Page 244] Michèle Bacholle Eastern Connecticut State University Copyright © 2022 American Association of Teachers of French

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