Ma double vie avec Chagall par Caroline Grimm
2022; American Association of Teachers of French; Volume: 95; Issue: 4 Linguagem: Francês
10.1353/tfr.2022.0098
ISSN2329-7131
Autores Tópico(s)Military, Security, and Education Studies
ResumoReviewed by: Ma double vie avec Chagall par Caroline Grimm Christian Roche Grimm, Caroline. Ma double vie avec Chagall. Héloïse d'Ormesson, 2021. ISBN 978-2-35087-768-6. Pp. 240. En 1910, un jeune peintre juif russe s'installe à La Ruche, ensemble d'ateliers pour artistes pauvres à Paris. Son amour de jeunesse, Bella, est restée au pays natal mais elle deviendra sa première épouse et lui servira de modèle et de muse. En 2014, la narratrice tombe sous le charme des tableaux de Chagall et elle s'identifie pleinement à Bella, âme sœur de l'artiste, jusqu'à se prendre pour sa réincarnation même. Cette citation de Chagall, en épigramme, justifie l'entreprise littéraire de "Bella la narratrice": "Tout notre monde intérieur est beaucoup plus réel que le monde apparent. Quand nous considérons comme absurde ce qui ne nous paraît pas logique, nous prouvons seulement que nous ne connaissons rien à la nature." Guidée par la voix de l'artiste, elle se sent chargée d'une mission: faire revivre l'histoire d'amour de Bella. Le livre débute par cette phrase: "Il suffit que je ferme les yeux et je vois les choses telles qu'elles ont eu lieu cinquante ans plus tôt dans ce petit hôtel de l'Opéra. Ce serait la première scène du film." Effectivement, le livre se lit comme on regarderait un film décrivant les péripéties d'une vie d'exception à travers le regard réincarné de Bella. Basé sur une solide documentation reflétée dans la bibliographie, le récit se déroule comme le ferait un scénario avec quelques allers et retours entre le passé et le présent de la narratrice. La longue vie de Chagall est digne des fictions les plus romanesques, depuis les rencontres avec les artistes de la bohème parisienne et les marchands de tableaux, la Première Guerre mondiale, le retour dans la Russie révolutionnaire, la montée du nazisme et la persécution des juifs qui entraîne son départ aux États-Unis, etc. Bella s'adresse directement à Chagall et le tutoie. Cela nous permet d'entrer directement dans la vie de l'artiste dont nous allons suivre les "aventures". Le procédé fonctionne très bien au début mais il nous laisse parfois sur notre faim. La vie de Chagall et sa trajectoire d'artiste sont passionnantes, mais le personnage principal devait-il être Bella dont on n'apprend pas grand-chose? Ou la narratrice qui, elle non plus, n'est pas toujours au premier plan? Cependant, la qualité de l'écriture capte l'intérêt du lecteur par les descriptions fines des nombreuses époques d'une très longue carrière. Au fil du récit, on mentionne plusieurs tableaux et le lecteur ne peut s'empêcher de les chercher sur Internet, en contrepoint de la lecture. On devient peu à peu familier avec les thèmes récurrents de l'œuvre et on veut prolonger le plaisir de la découverte, une fois le livre refermé. La narratrice reprend le premier rôle à la fin du livre lorsqu'elle nous ramène dans un présent où elle se voit remettre des Oscars pour le film qu'elle a réalisé et où elle tient le rôle de Bella. Cette fin fonctionnerait probablement mieux au cinéma. Peut-être faut-il attendre que le film soit vraiment réalisé pour apprécier pleinement la démarche de l'auteure, elle-même actrice et réalisatrice chevronnée. [End Page 249] Christian Roche Ralston Valley High School (CO) Copyright © 2022 American Association of Teachers of French
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