Artigo Revisado por pares

L'absente de tous bouquets by Catherine Mavrikakis

2022; American Association of Teachers of French; Volume: 95; Issue: 4 Linguagem: Francês

10.1353/tfr.2022.0104

ISSN

2329-7131

Autores

Véronique Anover,

Tópico(s)

Psychoanalysis and Psychopathology Research

Resumo

Reviewed by: L'absente de tous bouquets by Catherine Mavrikakis Véronique Anover Mavrikakis, Catherine. L'absente de tous bouquets. Sabine Wespieser, 2021. ISBN 978-2-84805-396-7. Pp. 192. Par le pouvoir de sa plume, l'écrivaine recouvre ce qui a failli se perdre ou s'enterrer. Dans son récit cathartique—qu'elle appelle "son journal de deuil" (148)—la romancière décharge ses émotions, endeuillée par la perte récente de sa mère. Celle-ci renaît et revit au fil des pages, grâce à sa fille qui l'invoque directement à la deuxième personne: "Je te recrée sans relâche. Tu restes mon invention" (179). À travers une écriture semée de métaphores, de symbolismes et de lexiques associés à la botanique et au jardinage, l'auteure égraine ses souvenirs les plus intimes, sans exclure la relation complexe entre les deux femmes. La fille reproche à la mère de ne jamais avoir su cultiver son jardin et, en conséquence, de n'avoir connu aucun épanouissement. En effet, la mère, expatriée au Canada, n'a jamais pu y planter ses racines, et cela s'est fait malheureusement au détriment de sa famille. Cependant, des sentiments contradictoires animent la narratrice envers sa mère: une fusion presque incestueuse au point de s'annuler elle-même, mais aussi un besoin de se libérer pour se retrouver et pour exister. La défunte n'a pas su aimer sa fille comme une mère l'aurait fait, car elle-même était perdue sans ses points de repère, ayant été transplantée de France à l'étranger et ayant perdu son fils "secret" dans des circonstances tragiques (142). Pourtant, cette mère ne sera jamais abandonnée puisque sa fille l'accompagnera jusqu'à ses derniers jours—et même au-delà, avec ce récit: "J'ai décidé de t'accompagner jusqu'au bout de cette nuit qui est la tienne maintenant" (175). C'est d'ailleurs avec grand désarroi que la narratrice est obligée de la placer dans une résidence lorsque la mère dépérit à cause d'une dégénération cognitive. La narratrice est forcée de vaincre la peur de perdre ses parents et d'accepter enfin le vide inexorable qui en résulte. Il n'y a pas d'âge pour se sentir orphelin: "Disons simplement que ta mort a laissé toute la place à la mienne qui viendra. Je n'ai plus peur que tu meures" (125). La mort de sa mère l'oblige donc à affronter sa propre mortalité, alors que sa mère en était terrifiée. La mère aimait les fleurs coupées dans des bouquets. Cependant, ce sont des fleurs destinées à se faner rapidement car elles ont été taillées à leurs tiges. Comme ces fleurs dans les bouquets, la mère séparée de son pays, dérobée à ses pensées, éloignée de sa maison et de sa fille, s'est "étiolée, dégradée, fanée" (175). La narratrice l'a bien compris: pour éclore et pour fleurir, il faut cultiver son jardin et celui des autres aussi. [End Page 255] Véronique Anover California State University, San Marcos Copyright © 2022 American Association of Teachers of French

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