Ady, soleil noir by Gisèle Pineau
2022; American Association of Teachers of French; Volume: 95; Issue: 4 Linguagem: Francês
10.1353/tfr.2022.0107
ISSN2329-7131
Autores Tópico(s)North African History and Literature
ResumoReviewed by: Ady, soleil noir by Gisèle Pineau Florence Ramond Jurney Pineau, GisÈle. Ady, soleil noir. Philippe Rey, 2021. ISBN 978-2-84876-809-0. Pp. 301. L'éditeur Philippe Rey, connu pour publier des œuvres sur des situations réelles auxquelles on a donné une tournure fictionnelle, nous offre son dernier-né sur la relation entre Adeline Fidelin, ou Ady, une jeune danseuse d'origine guadeloupéenne, et Man Ray, un peintre, photographe et réalisateur américain, entre les années 1930 et le début de la Seconde Guerre mondiale. Poursuivant son intérêt marqué pour les protagonistes féminins, Gisèle Pineau nous livre ici les détails de cette relation à travers la voix d'Ady. On accompagne ainsi Ady dans sa découverte de Paris et des clubs parisiens; on avance pas à pas avec elle lors de ses rencontres nocturnes; et surtout, on voit évoluer sa relation avec Man Ray après sa rencontre au club du 33, rue Blomet en 1934. Dès 1936, Man Ray et Ady habitent ensemble, et le texte de Pineau est alors parsemé de photos d'Ady prises par Man Ray, tirées d'archives et dont les crédits photographiques sont cités en fin d'ouvrage. Le lecteur participe ainsi aux rencontres d'Ady et de Man avec le monde des surréalistes, peintres, auteurs, poètes ainsi que tous les artistes qui se retrouvent heureux d'apprendre les uns des autres et de s'imiter en même temps. Fidèle à elle-même et aux sujets qui lui tiennent à cœur, Pineau profite de son texte pour aborder le thème du racisme. Elle nous détaille les pensées fictionnelles d'Ady sur le Paris des années 1930–1940, tiraillé entre le racisme bienveillant de la colonisation et l'antiracisme paternaliste de ceux qui essaient d'expliquer aux Noirs "comment tourne le monde" (103–04). Elle nous rapporte aussi, à travers les mots imaginés d'Ady, les conversations avec ses frères, dont certains s'insurgent de la voir devenir un simple objet exotique à moitié nu et paré de plumes dans les cabarets qu'elle fréquente. On apprend en plus que le racisme ségrégationniste s'infiltre en France où, pour faire plaisir aux touristes américains, "on expulse maintenant les Noirs dans les boîtes et les restaurants à Paris" (101). On s'attarde enfin sur les relations intimes d'Ady avec d'autres femmes artistes en qui elle trouve des compagnes qui la comprennent. Lors de vacances dans le sud de la France, elle évoque la liberté qu'elle éprouve, débarrassée de corsets qui régissent encore le monde de la plupart de ses consœurs, sous un soleil éblouissant et loin des conventions et des règles qui oppriment les femmes (197). Cet ouvrage s'avère donc être un clin d'œil fascinant à une époque dont on ne connaît souvent que les hommes, à travers les mots d'une femme fière de ses origines guadeloupéennes et qui met en avant pour nous la présence féminine du monde artistique de ces années-clés, grâce à des souvenirs qui vont et viennent entre la France et la Guadeloupe. [End Page 258] Florence Ramond Jurney Gettysburg College (PA) Copyright © 2022 American Association of Teachers of French
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