Bien s’entourer pour mieux gouverner
2014; Brepols; Linguagem: Francês
10.1484/m.artem-eb.4.00154
ISSN2565-9278
Tópico(s)Social Sciences and Governance
ResumoBien s'entourer pour mieux gouvernerLes officiers de Mahaut, comtesse d'Artois (1302-1329) Christelle Balouzat-Loubet Lorsque Robert II, comte d'Artois depuis 1250, meurt en héros à la bataille de Courtrai, en juillet 1302, il laisse derrière lui une fille, Mahaut, épouse du comte de Bourgogne Othon IV, et un petit-fils, Robert, héritier d'un fils trop tôt disparu.Parce que la représentation successorale n'est pas admise dans l'espace artésien, c'est à la première, seule descendante directe du défunt, que revient le comté d'Artois.Veuve quelques mois plus tard, Mahaut d'Artois se retrouve seule à la tête de la principauté artésienne.Soucieuse de « garder la pais, la concorde, la raison, le droit et l'estat de ses villes et de ses sougis, pour bien de païs 1 », elle s'entoure d'officiers qui l'assistent dans le gouvernement de l'apanage.Ces officiers apparaissent essentiellement dans les sources comptables, comptes de bailliages, comptes du receveur d'Artois et comptes de l'Hôtel.Connaître ces hommes est une tâche bien difficile : ils sont le plus souvent polyvalents et les documents ne précisent pas toujours leurs fonctions ou leurs titres.Il est encore plus délicat de reconstituer leur parcours, tant personnel que professionnel.Les sources permettent néanmoins de repérer les principaux officiers de la comtesse, qu'il s'agisse des baillis, des serviteurs de l'Hôtel ou des membres de son Conseil.Parmi eux, certains jouent un rôle essentiel dans la prise de décision politique et occupent une place à part dans la société artésienne. Administrer le comté : baillis et serviteurs de l'HôtelLes baillis représentent le pouvoir comtal dans le domaine et les villes, ils assurent le lien entre la princesse et ses sujets 2 .Aux serviteurs de l'Hôtel revient la gestion de la vie quotidienne de la comtesse.Bien s'entourer pour mieux gouverner Annales de Bretagne et des Pays de l'Ouest, 116-1 | 2009 1 Les baillis, officiers de l'administration domaniale En 1302, la comtesse gouverne un apanage divisé en treize bailliages, chacun placé sous l'autorité d'un baillibaillivus, baillieu ou bailliu -dépendant directement d'elle.C'est ce que montre l'acte de nomination de Pierre de la Marlière, délivré par Mahaut en août 1320, qui rappelle avec force le lien particulier qui unit la comtesse à son bailli 3 : elle seule peut choisir et révoquer cet officier, auquel elle délègue une part de son autorité sur ses « hommes et sougis » pour un mandat qui court « jusques a [sa] volonté et jusques a [son] rappel ».Rattaché à une circonscription bien définie, il perçoit des gages variables en fonction de la circonscription.Le bailli d'Arras, avec quatre-vingt livres parisis par an, bénéficie de la rémunération la plus élevée.Celle des autres officiers est de soixante-quinze livres annuelles à Lens, vingt livres à Aire, Béthune, Hesdin et Saint-Omer, quarante livres à Avesnes et Aubigny, trente livres à Calais et Marck, seize livres à Tournehem, Éperlecques et Beuvry 4 .Ces salaires sont très inférieurs à ceux des baillis flamands ou français.Les premiers touchent entre dix-huit et deux cent quarante livres tandis que celui de Vermandois reçoit cinq cents livres en 1285 et deux cent quatre-vingt-douze livres en 1305 5 .En compensation, les baillis artésiens, logés aux frais de la comtesse, disposent de leur propre maison dans l'enceinte du château comtal 6 .Ils peuvent aussi cumuler les salaires en administrant conjointement plusieurs petits bailliages : ceux de Calais et Marck, d'Éperlecques et Tournehem sont souvent confiés à une seule et même personne ; celui de Beuvry est généralement rattaché à Lens ou Béthune.Amovibles au gré de la comtesse, les baillis gouvernent différentes circonscriptions au cours de leur carrière.Pierre de la Marlière, nommé à Saint-Omer en 1320, a d'abord exercé à Aire.Enlart de Vaudringhem, bailli de Marck et Calais de 1303 à 1305, est ensuite à Aire.Philippe de Neuville se retrouve successivement à Hesdin, Saint-Omer et Béthune.Par le jeu des mutations, la comtesse d'Artois évite que ses officiers ne s'enracinent localement et que leurs liens avec l'autorité centrale ne se distendent.
Referência(s)