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De la stéréotomie médiévale : la coupe des pierres chez Villard de Honnecourt

1987; FRENCH ARCHEOLOGY SOCIETY; Volume: 145; Issue: 4 Linguagem: Francês

10.3406/bulmo.1987.3004

2275-5039

Claude Lalbat, Gilbert Margueritte, Jean Martin,

De la stéréotomie médiévale : la coupe des pierres chez Villard de Honnecourt. L'apparition de l'imprimerie a facilité la diffusion de grands traités de coupe de pierres et la fixation du savoir des hommes de métier, si difficile à évaluer pour les périodes antérieures. Les Compagnons Tailleurs de pierres ont pensé pratiquer sur le « carnet » de Villard de Honnecourt qui, datant du XIIIe siècle, est l'un des très rares témoignages écrits de ce savoir, une exégèse bien différente de celles menées jusqu'à présent. Leur travail a mis en évidence la parenté qui unit les grands traités de la Renaissance au célèbre manuscrit de la Bibliothèque nationale. La similitude des thèmes abordés est particulièrement manifeste dans la première partie de l'article. Il s'agit du biais passé, thème récurrent des grands traités. Les Compagnons l'ont retrouvé dans un croquis de Villard. Ils sont ainsi parvenus à montrer comment ce dernier « suggère » la recherche des données nécessaires à la réalisation de ce type de voûte. La seconde partie fait davantage appel à la géométrie plane, mais appliquée à une situation de chantier. Compte tenu des contraintes qu'imposait la « préfabrication » de certains éléments de la construction, il fallait trouver un moyen d'éviter de tracer l'épure complète de l'arc. C'est ce procédé que traduisent les croquis 40 cd et 40 cf. Villard montre comment, avec un compas ou une pige, on peut tracer sans épure la clé d'un arc brisé en tiers-point ou en quint-point. Ce schéma, qu'il est facile de généraliser, autorise à penser que Villard a dessiné les deux premiers croquis d'une série récurrente, exprimée graphiquement. Cette nouvelle interprétation des figures de Villard de Honnecourt a permis aux hommes de métier de redécouvrir la manière dont les constructeurs médiévaux concevaient les volumes, et des procédés qui peuvent être mis à profit aujourd'hui. Dans cette perspective, le manuscrit de Villard de Honnecourt recèle encore bien des enseignements que les Tailleurs de pierres continuent à décrypter, contribuant ainsi à la connaissance de la pensée technique médiévale.