La Vie des mots
2011; American Association of Teachers of French; Volume: 84; Issue: 4 Linguagem: Francês
10.1353/tfr.2011.0148
ISSN2329-7131
Autores Tópico(s)Cultural Insights and Digital Impacts
ResumoTHE FRENCH REVIEW, Vol. 84, No. 4, March 2011 Printed in U.S.A. NOTE La Vie des mots par Colette Dio 797 Une petite histoire à vous mettre sous la dent: la voici écrite en français argotique. A vous de la remettre en état, c’est-à-dire en français plus châtié. Les mots/expressions en caractères gras vous sont commentés dans la deuxième partie de ce texte. Hier on est allés, ma frangine, mon frangin, mon ex, deux potes à moi et moi-même, se taper la cloche dans un restif d’un quartier branché. On nous a dit que dans ce restau on pouvait faire ripaille mais que c’était pas donné, vu que c’était chicos et que la bouffe était géniale. J’aurais préféré aller dans un troquet où on mange à la bonne franquette; boulotter comme les bourges, c’est pas mon truc. Quand on est arrivés, on avait la dent, on était prêts à becter. Le maître d’hôtel était un grand balèze déplumé qui se croyait sorti de la cuisse de Jupiter; il est venu vers nous en roulant des mécaniques et nous a reçus comme un chien dans un jeu de quilles. C’est vrai qu’on était mal sapés, on s’était pas mis sur notre trente-et-un; mon frangin s’habille toujours à l’as de pique parce qu’il s’en moque comme de l’an quarante. Quand on s’est pointés, il y avait trois pelés et un tondu/quatre pelés trois tondus dans la salle. A une table, il y avait deux godelureaux et deux meufs dont une était vêtue à la diable et l’autre avait l’air d’une fille qui fait le tapin; les deux mecs avaient l’air d’être copains comme cochons. Le serveur était un mec d’environ trente piges; il avait l’air un peu godiche avec ses rouflaquettes et un œil qui dit zut à l’autre; je crois qu’il n’avait pas inventé la poudre. Avec l’apéro, on s’est tapé des amuse-gueule qu’on a engloutis à toute allure vitesse comme des morfales qu’on était; un de mes potes était très gros et je vous assure qu’il n’était pas gras de lécher les murs. Après l’apéro, qu’est-ce qu’on a biffé! Les hors-d’œuvre, c’était des cochonnailles; notre fringale commençait seulement à s’apaiser; toutes ces cochonnailles, c’était des étouffe-chrétien. On a descendu quelques bonnes bouteilles dont des Côtes du Rhône (et c’était pas du gros rouge!) avec la bidoche, les pommes-paille et les fayots. Après la barbaque (c’était du ragoût de mouton) on a eu des frometons dont un calendos qui coulait. En dessert, un nègre en chemise pour certains et des pets-de-nonne pour les autres. On s’est bien fendu la poire toute la soirée; on a bien déconné car on avait un coup dans l’aile. On était bien imbibés. On a tous mangé comme quatre. Un truc rigolo, c’était de se foutre de la gueule des voisins de table et aussi de casser du sucre sur le dos de nos collègues de bureau. Ma frangine, éméchée, gloussait comme une dinde; on lui a dit de mettre un bémol mais ça servait à rien: c’était comme si on pissait dans un violon. Le repas nous a coûté les yeux de la tête. Le restaurateur n’y allait pas de main morte avec ses factures; lui, c’était le genre méfiant qui croit toujours que le client va payer avec des chèques en bois. On a pu payer, sinon il aurait fallu faire la plonge. Bref, ça a été un super gueuleton. Voici les explications comme annoncé: Un frangin: déformation argotique de frère (sœur a suivi, bien sûr, une frangine); mon ex: mon ancien mari (ou femme, ancien petit ami ou petite amie...
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