Artigo Acesso aberto

Religions de l’Asie septentrionale et de l’Arctique

2011; Volume: 118; Linguagem: Francês

10.4000/asr.999

ISSN

1969-6329

Autores

Charles Stépanoff,

Tópico(s)

Religious Studies and Spiritual Practices

Resumo

Religions de l'Asie septentrionale et de l'Arctique I. Paysage sacré et lieux singuliers À partir de l'étude du traitement conceptuel et pratique des animaux atypiques chez les Touvas, nous avons identifié l'année précédente un schéma inférentiel stable selon lequel les anomalies visibles des individus déviants sont interprétées comme des indices d'une nature individuelle profondément singulière.De cette nature, on attend d'autres déviances, tels des pouvoirs surnaturels.Dans La pensée sauvage (Plon [1962] 1990), Lévi-Strauss observait que les opérations logiques régissant la compréhension des rapports entre individu et espèce pouvaient s'étendre, dans certains contextes culturels, au plan spatial.Ainsi la géographie mythique aranda manifeste-t-elle « une correspondance entre l'individuation géographique et l'individuation biologique » (p.203).Da ns les mythes, l'espace se subdivise en lieux différenciés au moment où les dieux se séparent en personnalités distinctes pour venir les habiter, tandis qu'émerge dans la société une division en sections totémiques caractérisées par des types physiques particuliers.Si les lieux s'animent ainsi de présences individualisées, il devient alors possible de dire, selon l'heureuse formule de Lévi-Strauss, que « l'espace est une société de lieux-dits » (p.202).Nous avons entrepris cette année d'examiner précisément les opérations inférentielles engagées dans ce qui pourrait être considéré comme un traitement de la singularité au sein du paysage.La connaissance de la taïga et du caractère de ses lieux chez les chasseurs et éleveurs de rennes tožu en Touva occidentale nous a fourni la base empirique de cette étude 1 .Alors que l'identité de chamane est considérée comme un trait de naissance, le fait d'être un chasseur chanceux n'est pas tenu par les Tožu pour le résultat d'une qualité interne.On n'attribue pas au chasseur habile de « force-capacité » (küš-šydal), ni d'« essence héréditaire » (uk) comme au chamane.Le succès à la chasse dépend d'un bilir, c'est-à-dire une « connaissance » ou mieux une « compréhension », qui est généralement le propre des chasseurs âgés.Ce bilir ne fait pas entrer ses porteurs dans la catégorie des bilir kiži, les « gens qui peuvent/savent », comme les devins et autres spécialistes rituels.Les chasseurs insistent sur le fait que leur bilir est acquis par l'expérience et l'apprentissage : « Les anciens savent parce qu'ils ont appris.» (ulug ulustar bilir, öörenip algan).1. Ces données ont été réunies en 2008 lors d'une enquête financée par la fondation Fyssen.

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