Artigo Revisado por pares

Discours au Salon maçonnique de Port-au-Prince

2021; Duke University Press; Volume: 25; Issue: 3 Linguagem: Francês

10.1215/07990537-9583530

ISSN

0799-0537

Autores

Ramón Emeterio Betances,

Tópico(s)

African history and culture studies

Resumo

À la Gloire du Grand Architecte de l'Univers.Je prends la parole pour remercier le V.M. [Vénérable Maître] et les zélés serviteurs de ce temple auguste, de m’avoir accueilli au milieu d’eux. Me voici au sein de la famille maçonnique. J’y arrive conduit par des frères, de véritables frères ; je veux dire des fils de la même Patrie ; car en nous voyant, nous étrangers, vous auriez pu dire, en nous laissant passer: « Voilà des hommes qui errent sans asile, voilà des enfants sans mère ». Mais vous avez préféré dire: « Voilà des étrangers qui ont été rejetés loin de leur route ; voilà des citoyens du monde qui passent ; voilà des fils de la liberté, déshérités ». Et vous qui êtes des hommes aimants et charitables vous nous avez ouvert vos bras et aujourd’hui, vous nous appelez: Frères.C’est pour nous d’un heureux présage ; car, je vous le dis, ce n’est pas seulement la fraternité maçonnique qui nous unit ; il y a entre nous un autre bien qui nous rapproche et c’est la fraternité dans le passé par les souffrances, dans le présent par la lutte, dans l’avenir par l’espoir.Lorsqu’il y a quelques mois à peine nous voyions s’agiter toute la mer des Antilles, de l’Ouest à l’Est, depuis le Cap Saint Antoine à Cuba, jusqu’à la pointe de Saint Jean à Porto-Rico, en passant par Haïti et Saint Domingue, il était impossible, pour celui qui regardait au fond des choses, de ne pas reconnaitre que c’était la même cause qui se décidait. Ceci a l’air d’une vision et c’est la vérité sainte qui brille. Plusieurs ont marché sans voir peut-être toute la grandeur de la lutte qu’ils soutenaient. Plusieurs ont cru combattre seulement dans Haïti pour un parti et il se trouve qu’ils ont vaincu au nom d’un principe si élevé que lui seul peut nous sauver ; car c’est au nom de ce principe que nous pouvons répondre aux faux interprètes de la doctrine de Monroe: « Oui ; L’Amérique pour les américains ; mais Les Antilles pour les fils des Antilles ». Malheur à qui oserait porter sa main sur elles !J’ai parlé de la fraternité dans le passé par les souffrances. Vous avez tous contemplé ce tableau dont la réalité navrante paraîtra aux siècles futurs aussi impossible que celle d’une description apocalyptique. C’est une épouvantable échelle de Jacob où l’on ne voit du bas en haut que des fers, des chaines, des esclaves. Au premier échelon, en bas, c’est la race africaine enchaînée et déchirée par le fouet ; au milieu, c’est le colon dont l’orgueil est enchainé au travail d’autrui par la faiblesse et la corruption de son âme ; au sommet, c’est le despote— espagnol ou français—, enchainé lui-même par la vigilance qu’impose le despotisme. Ces scènes horribles se répètent, les mêmes, dans toutes les Antilles. Quatre siècles vont bientôt s’accomplir et elles durent encore. Il y a à peine quelques mois, sur une des habitations de Sagua la Grande, à Cuba, près de deux cents noirs ont été mis en lambeaux sous le fouet des bourreaux espagnols. Pourquoi ? Ces hommes étaient accusés d’aspirer à la liberté que Dieu donne et que l’espagnol nie. On les soupçonnait de vouloir s’unir aux insurgés qui combattent pour conquérir la liberté de tous et cela fut assez pour qu’ils fussent condamnés à périr de la manière la plus horrible que puisse trouver l’imagination d’un barbare. Quelques-uns dont la vie était trop tenace lassèrent deux et trois bourreaux et reçurent plus de six cents coups de fouet avant de rendre le dernier soupir. Ah ! L’Espagne ! C’est elle—la nation catholique par excellence—, qui la première a fondé, en Amérique cette institution diabolique et c’est elle aussi qui veut avoir la gloire d’être la dernière à l’abolir. Vainement un grand écrivain français, Éd[ouard] Laboulaye, semblait lui prophétiser, il y a quelques années, la révolution de ses dernières colonies et s’écriait:« L’esclavage est l’injustice suprême, la violence la plus excessive, la tyrannie la plus odieuse. C’est au monde entier à prononcer l’anathème et à flétrir toute nation coupable de lèse-humanité. La fin du xixe siècle approche, siècle agité, siècle mélangé de bien et de mal, qu’il ait au moins cette gloire d’avoir exterminé l’esclavage et d’avoir fait de l’égalité des hommes, non pas un vain mot, mais une féconde et glorieuse vérité !« Depuis quatre-vingts ans, ajoute-t-il, il s’est établi dans le monde un tribunal qui a plus fait pour le triomphe de la justice et de la vérité, que tous les souverains de la terre durant les siècles de leur puissance absolue. Ce tribunal, c’est l’opinion.« A cette barre qu’on ne peut décliner, il faut que chacun se présente, peuple ou roi. Là sont entendus les victimes et les martyrs ; là, les bourreaux et les tyrans sont obligés de se justifier. C’est à nous, c’est à la Europe, c’est à la France qu’il appartient d’évoquer cette juridiction sans appel. [. . .] Aujourd’hui l’Espagne est accusée, il faut qu’elle se défende ; notre devoir est en répétant l’accusation, de forcer le gouvernement espagnol à parler et à agir ».1Permettez-moi à mon tour de dire, ce n’est pas seulement à l’Europe, ce n’est pas seulement à la France qu’il appartient de soutenir jusqu’à la faire triompher, cette cause sainte. Quel est donc le peuple qui, plus que tout autre, a le droit de prendre en mains la défense de ces opprimés ? Votre coeur vous l’a déjà dit: c’est Haïti, c’est vous-mêmes. Vous êtes maçons, vous êtes haïtiens, vous êtes les hommes de l’égalité, vous êtes les fils de ces grands citoyens qui les premiers surent conquérir pour leur race les droits civils et politiques. Vous êtes donc dignes de comprendre mieux que les autres hommes, cette vaillante armée libératrice où toutes les races confondues se disputent aujourd’hui l’honneur de soutenir à Cuba, contre l’Espagne, le même drapeau que vous avez fait triompher à Haïti contre tout le pouvoir de la France. Il n’y a plus dans la république de Cuba d’esclaves et de maitres ; il n’y a que des citoyens ; il n’y a plus de distinctions, plus de privilèges entre les noirs et les blancs, il n’y a que des créoles. Tous, ils combattent pour les mêmes principes. C’est une guerre d’indépendance qui marche à côté d’une guerre sociale, toutes deux sont menées, dans le plus parfait accord, contre la tyrannie du gouvernement et contre la tyrannie du maitre que l’espagnol européen personnifie.Ce n’est point, je pense, les hommes d’Haïti, dont les pères eurent aussi pour ennemis ces mêmes espagnols, qui refuseront leur sympathie aux fils de Cuba et de Porto Rico. Ce n’est pas d’aujourd’hui ; il y a déjà des années que ceux-ci offrent l’exemple, unique dans l’histoire, d’une persistance que rien ne découragea à réclamer l’abolition de l’esclavage. Laissez-moi vous dire, le coeur plein de joie, que lorsqu’en 1866, le gouvernement espagnol fit nommer une commission composée presque toute de créoles, pour connaître les besoins des colonies, cette commission demanda hautement l’abolition de l’esclavage, avec ou sans indemnité. L’Espagne n’y consentit pas. Laissez-moi vous dire aussi que les sentiments humanitaires des créoles se sont traduits dans la constitution de la République de Cuba, dont les fondateurs sont presque tous des ff. mm. [francs-maçons], par les articles suivants:Art. XXIV. Tous les habitants de la République de Cuba sont complètement libres.Art. XXV. Tous les citoyens sont considérés comme soldats de l’Armée Libératrice.Mais l’Espagne toujours funeste, la même qui au commencement du siècle profitait des discordes civiles pour attaquer Haïti, la même qui livrait [Vincent] Ogé pour être condamné à la roue et écartelé, la même qui achetait de quelques chefs à jamais maudits les noirs de l’armée républicaine, la même qui réduisait en esclavage ceux qui avaient le malheur de passer la frontière vers St. Domingue, la même qui envoyait de la Havane des chiens dressés à poursuivre les hommes de race africaine et à les déchirer dans l’arène,2 l’Espagne lutte encore à Cuba pour maintenir le despotisme militaire et l’esclavage sur tous les naturels du pays, blancs ou noirs. On dit que lorsque Napoléon Ier envoyât ses meilleures troupes à sa colonie, un des chefs haïtiens, en voyant croiser cette flotte formidable montée par les soldats qui avaient fait trembler l’Europe s’écria: « Toute la France s’est ruée sur nous ; mais nous combattons pour la Justice ! » Et la Justice s’est accomplie. Ainsi parle aujourd’hui notre chef honoré le Président Carlos Manuel Céspedes, en contemplant les forces imposantes que l’Espagne a déployées. Et la justice s’accomplira.Donc, ô frères, nous voilà tellement unis dans le passé que je ne puis rapporter une description de Cuba, sans la trouver déjà consignée dans les annales de l’histoire d’Haïti. Il ne nous est plus permis de séparer notre présent. Je le répète ; d’une pointe à l’autre des grandes iles de la mer Caraïbe, c’est la même question qui s’agite ; c’est la question d’avenir pour les Antilles. Qui sera assez aveugle pour ne point le voir ? C’est donc la même lutte que nous soutenons, c’est pour la même course que nous combattons, car nous devons vivre la même vie. Vous avez vaincu, il est vrai, et vous avez empêché qu’une partie de vous-mêmes ne fût livrée à l’étranger ; mais vous n’êtes que le centre de l’armée ; pensez-y bien, la bataille dure encore, vous n’êtes pas encore hors de danger. Sur les deux ailes, à St. Domingue et à Cuba, vous êtes menacés d’être enveloppés. Nous devons faire face et porter nos efforts de tous côtés et après la victoire complète, nous commencerons une vie nouvelle, une vie qui sera pleine de vigueur par l’union de toutes nos forces. Les Antilles traversent aujourd’hui le moment le plus périlleux qui se soit offert et qui devra jamais se présenter, car il s’agit pour elles d’être ou de n’être pas. Rapprochons-nous. C’est aujourd’hui ou jamais le moment de s’écrier chrétiennement et maçonniquement: « Unissons-nous3 les uns les autres » ; car séparés nous serons écrasés comme des pygmées ; unis, nous formerons le faisceau de force qui en imposera à nos ennemis et qui seul est capable de nous sauver. C’est en vain qu’un mandataire impie voudra faire, à St. Domingue, trafic de son pays et sacrifier ses concitoyens ; c’est en vain que l’Espagne voudra écraser l’insurrection, pour vendre Cuba aux États-Unis et commencer ainsi l’absorption de toutes les Antilles par la race anglo-américaine. Unissons-nous ! Aimons-nous ! Formons à nous tous un seul peuple, un peuple de véritables maçons, et nous pourrons alors élever un temple aux bases si solides que toutes les forces de la race saxonne et des espagnols réunies ne parviendront jamais à l’ébranler. Nous le dédierons à L’Indépendance et sur le frontispice nous graverons cette inscription, impérissable comme La Patrie, que nous dictent à la fois notre intérêt et notre coeur, l’intelligence la plus généreuse et le plus égoïste instinct de conservation: « Les Antilles pour les fils des Antilles ».A la Gloria del Gran Arquitecto del Universo.Tomo la palabra para agradecer al Maestro de la Logia y a los diligentes súbditos de este augusto templo por haberme acogido. Y aquí estoy, dentro de la familia masónica. He llegado aquí bajo la dirección de hermanos, verdaderos hermanos; quisiera llamarlos hijos de la misma Patria, porque, al vernos, a nosotros los extranjeros, nos pudieron haber dejado pasar, diciendo: “He aquí hombres que deambulan sin asilo, he aquí niños huérfanos de madre”.4 Al contrario, ustedes han optado por decir: “He aquí extranjeros que han sido alejados de su ruta; he aquí ciudadanos del mundo que vagan; he aquí hijos desheredados de la libertad”. Ustedes, hombres de amor y buena voluntad, nos han abierto los brazos y hoy nos llaman: Hermanos.Es para nosotros un feliz presagio, pues déjenme decirles que no se trata de una mera fraternidad masónica la que nos une; existe entre nosotros otro don que nos acerca y esa es la fraternidad por los sufrimientos del pasado, la lucha del presente y la esperanza del futuro.Cuando hace apenas unos meses presenciábamos cómo todo el mar de las Antillas se agitaba de este a oeste, desde el Cabo San Antonio en Cuba hasta la Punta de San Juan en Puerto Rico, pasando por Haití y Santo Domingo, era imposible, para aquel que observara el fondo de las cosas, no reconocer que era la misma causa que se decidía. Lo que parecía ser una visión era la santa y radiante verdad. Algunos han andado sin poder ver quizás toda la grandeza de la lucha que sostenían. Algunos han creído combatir en Haití solamente por un partido pero luego vemos que su victoria fue en nombre de un principio tan elevado que él mismo puede salvarnos; pues es en nombre de dicho principio que podemos responder a los falsos intérpretes de la doctrina de Monroe: “Si las Américas son para los americanos, entonces las Antillas son para los hijos de las Antillas”. ¡Malditos aquellos que se atrevan a poner sus manos sobre ellas!Les he hablado sobre la fraternidad por los sufrimientos del pasado. Todos ustedes han contemplado este cuadro, cuya realidad penosa parecerá en siglos futuros igual de imposible que una descripción apocalíptica. Es una espantosa escalera de Jacob en la que solo vemos, de arriba hacia abajo, hierros, cadenas y esclavos. En el primer escalón, en el fondo, vemos a la raza africana encadenada y destrozada por el látigo; en el medio, vemos al colono cuyo orgullo está encadenado al trabajo ajeno por la debilidad y la corrupción de su alma; en la cima, encontramos al déspota—español o francés—encadenado por la vigilancia que impone el despotismo. Estas mismas escenas horribles se repiten en todas las Antillas. Muy pronto se cumplirán cuatro siglos y las escenas siguen existiendo aún. Hace apenas unos meses, en una de las haciendas de Sagua la Grande, en Cuba, los verdugos españoles tomaron alrededor de doscientos negros y los despedazaron bajo el látigo.5 ¿Y por qué? Esos hombres habían sido acusados de aspirar a la libertad que Dios concede y el español les niega. Se les sospechaba de querer unirse a los insurgentes que luchan por la libertad de todos, y eso fue suficiente para que fueran condenados a morir de la manera más horrible que un bárbaro pudiera imaginar. Algunos de ellos, cuyas vidas eran demasiado tenaces, agotaron la paciencia de dos o tres verdugos y recibieron más de seiscientos latigazos antes de exhalar el último suspiro. ¡Ah! ¡España! Ella—la nación católica por excelencia—, fue la primera nación en haber fundado esta institución diabólica, y es la misma que también desea la gloria de ser la última en abolirla. Un gran escritor francés, Édouard Laboulaye, ya había parecido profetizar en vano, hace algunos años, la revolución de sus últimas colonias:La esclavitud es la injusticia suprema, la violencia más excesiva, la tiranía más detestable. El mundo entero debe denunciarla como anatema y rechazar a todas las naciones que son culpables de tal lesa humanidad. Se acerca el final del siglo diecinueve, un siglo agitado, un siglo en el que el bien y el mal se han entremezclado, ¡qué al menos tenga la gloria de exterminar la esclavitud y hacer de “la igualdad de los hombres”, no solo palabras vanas, sino una verdad fecunda y gloriosa!Después de ochenta años se estableció en el mundo un tribunal que ha hecho más por el triunfo de la verdad y la justicia, que todos los soberanos de la tierra durante siglos de poder absoluto. Dicho tribunal es el tribunal de la opinión pública.Todos, tanto el pueblo como los reyes, han de presentarse ante este tribunal, el cual no podemos rechazar. En él, se han escuchado a las víctimas y los mártires; en él los verdugos y los tiranos se han visto obligados a justificarse. Nos corresponde a todos, a Europa y a Francia, evocar esta jurisdicción sin apelación. . . . Hoy día se acusa a España y ella tiene que defenderse; nuestro deber es repetir la acusación en contra suya, forzar a que el gobierno español hable y actúe.6Permítanme decirles entonces que no solo le corresponde a Europa, que no solo le corresponde a Francia respaldar esta santa causa hasta que triunfe. ¿Cuál es entonces el pueblo que, más que ningún otro, tiene el derecho de tomar en sus manos la defensa de los oprimidos? Sus corazones ya lo han dicho: es Haití, son ustedes mismos. Ustedes son masones, ustedes son haitianos, ustedes son los hombres de la igualdad, ustedes son los hijos de esos grandes ciudadanos que fueron los primeros en saber conquistar los derechos civiles y políticos para su raza. Por tanto, ustedes son dignos de comprender más que los demás hombres este ejército valeroso y libertador, en el que todas las razas entremezcladas combaten por el honor de sostener, para Cuba y contra España, la misma bandera con la que ustedes llevaron a Haití al triunfo contra todo el poder de Francia. En la República de Cuba ya no hay esclavos ni dueños; lo único que hay son ciudadanos; no hay más distinciones, ni privilegios entre los negros y los blancos, no hay más que criollos.7 Todos ellos están combatieron por los mismos principios. Es una guerra de independencia que marcha junto a una guerra social, y ambas se realizan en el más perfecto acuerdo, contra la tiranía del gobierno y contra la tiranía del amo, representado por el español.Creo que no son los haitianos, cuyos padres también tuvieron por enemigos a los mismos españoles, quienes les negarán su simpatía a los hijos de Cuba y Puerto Rico. Esta no es ninguna novedad; ya hace años que los cubanos y puertorriqueños ofrecen un modelo de persistencia históricamente único e infatigable en reclamar la abolición de la esclavitud. Permítanme decirles, con el corazón lleno de alegría, que cuando el gobierno español nombró en 1866 una comisión compuesta casi totalmente por criollos, con el fin de conocer las necesi-dades de las colonias, dicha comisión exigió claramente la abolición de la esclavitud, con o sin indemnización.8 España no lo consintió. Permítanme decirles también que los sentimientos humanitarios de los criollos se traducen en la constitución de la República de Cuba, cuyos fundadores (casi todos masones) firmaron los siguientes artículos:Art. XXIV. Todos los habitantes de la República de Cuba son completamente libres.Art. XXV. Todos los ciudadanos son considerados soldados del Ejército Libertador.9Pero España, funesta como siempre, la misma que al inicio del siglo se aprovechó de la discordia civil para atacar a Haití, la misma que entregó a Ogé para ser condenado al desmembramiento en la rueda, la misma que compró a jefes militares para que nunca dirigieran a los soldados negros del ejército republicano, la misma que esclavizó a los que tuvieron la desgracia de cruzar la frontera hacia Santo Domingo, la misma que envió de La Habana perros entrenados para perseguir a hombres de la raza africana y descuartizarlos sobre la arena.10 España lucha en Cuba todavía para mantener el despotismo militar y la esclavitud sobre todos los nativos del país, sean blancos o negros. Se dice que cuando Napoleón I envió sus mejores tropas a su colonia, uno de los líderes haitianos, al ver cruzar esa formidable flota que llevaba a los soldados que habían hecho temblar a Europa, gritó: “¡Toda Francia se abalanza sobre nosotros, pero nosotros luchamos por la Justicia!” Y se hizo Justicia. Así habla hoy nuestro líder honorado, el Presidente Carlos Manuel Céspedes, mientras contempla las fuerzas imponentes que España ha desplegado.11 Y se hará Justicia.Por lo tanto, mis hermanos, estamos aquí tan unidos por el pasado que me es imposible producir una descripción de Cuba sin encontrarla registrada ya en los anales de la historia de Haití. Ya no se nos permite aislar nuestro presente. Lo repito de nuevo, de un punto al otro de las grandes islas del Caribe se agita la misma cuestión: la misma cuestión acerca del porvenir de las Antillas. ¿Quién será lo suficientemente ciego como para no verlo? Por ende, sostenemos la misma lucha, combatimos por el mismo trayecto, pues debemos vivir la misma vida. Ustedes han vencido, es cierto, e impidieron que una parte de ustedes fuera entregada al extranjero; pero ustedes no son más que el centro del ejército. Piénsenlo bien, la batalla aún continúa y aún no están fuera de peligro. Ustedes enfrentan la amenaza de estar envueltos por ambos lados, en Santo Domingo y en Cuba. Nosotros debemos resistir y combinar todos nuestros esfuerzos, y después de la victoria absoluta, comenzaremos una nueva vida, una vida llena de vigor debido a la unión de todas nuestras fuerzas. Las Antillas atraviesan hoy el momento más peligroso que se ha visto y que nunca más se habrá de ver, pues se trata de ser o no ser. Acerquémonos. Ahora o nunca es el momento de gritar cristiana y masónicamente: “Unámonos los unos a los otros”, pues separados seremos aplastados como los pigmeos; unidos formaremos el haz de fuerza que impondremos sobre nuestros enemigos y que solo podrá salvarnos.12 Será en vano el que un mandatario impío quiera, en Santo Domingo, vender su país y sacrificar a sus ciudadanos; el deseo de España de aplastar la insurrección para vender a Cuba a los Estados Unidos y comenzar así la incorporación de todas las Antillas por la raza anglosajona será en vano. ¡Unámonos! ¡Amémonos! Formemos un solo pueblo, un pueblo de verdaderos masones, y solo entonces podremos levantar un templo con bases lo suficientemente sólidas para que todas las fuerzas de la raza anglosajona y la raza española juntas nunca puedan derrumbarlo. Lo dedicaremos a la Independencia y sobre el frontispicio grabaremos esta inscripción, imperecedera como la Patria, que dicta al unísono nuestro interés y nuestro corazón, la más generosa inteligencia y el más egoísta instinto de preservación: “Las Antillas para los hijos de las Antillas”.To the Glory of the Great Architect of the Universe.I take the floor to thank the Lodge Master and the zealous subjects of this dignified temple for welcoming me. And here I am, within the Masonic family. I have been led here by brothers, true brothers. I would like to say they are sons of the same Homeland because, as you can see, you could have told us, we foreigners: “Here are men who roam without refuge, here are motherless children.”13 But you have let us in and have preferred to say instead, “Here are foreigners who have been thrown far off their path; here are citizens of the world who wander; here are dispossessed sons of liberty.” And you, who are men of love and goodwill, have opened your arms to us and call us: Brothers.It is a happy omen for us, for, let me tell you, it is not only Masonic brotherhood that unites us. There is another gift among us that brings us closer, and that is brotherhood through suffering in the past, struggle in the present, and hope for the future.When just a few months ago we witnessed how all the Caribbean Sea stirred from east to west, from Cape San Antonio in Cuba to Punta de San Juan in Puerto Rico, passing through Haiti and Santo Domingo, it was impossible not to recognize, for anyone who observed things deeply, that it was the same cause that was being decided. What seemed to be a vision was the holy, radiant truth. Some have wandered perhaps without noticing the totality of their struggle’s greatness. Some thought they were fighting in Haiti only for one party, and it turned out their victory was in the name of a principle so high that it can save us, just by itself; for it is in the name of this principle that we can respond to the false interpreters of the Monroe Doctrine: “Yes, the Americas for the Americans, but the Antilles for the sons of the Antilles.” Woe unto those who dare lay their hands on our islands!I have spoken of brotherhood through past suffering. All of you have seen this picture, whose harrowing reality will seem in future centuries impossibly apocalyptic. It is a dreadful Jacob’s ladder where we only see branding irons, chains, and slaves from top to bottom. At the first step, at the bottom, we find the African race chained and torn apart by the whip; in the middle, we find the settler whose pride is chained to the work of others by the weakness and corruption of his soul; at the top we find the despot—either Spanish or French—chained by the vigilance that despotism imposes. These same horrible scenes are repeated in all the Antilles. It will soon be four centuries, and the scenes still exist. Just a few months ago, in one of the haciendas of Sagua la Grande, in Cuba, Spanish executioners took nearly two hundred black men and whipped them to shreds.14 And why? These men were accused of aspiring to the freedom that God provides and Spaniards reject. They were suspected of wanting to join the insurgents who fight for everyone’s freedom, and this was enough for them to be condemned to perish in the most horrible way that a barbarian could imagine. Some of them, whose lives were too tenacious, exhausted the patience of two or three executioners and received more than six hundred lashes before their last breath. Ah! Spain! She, the Catholic nation par excellence, was the first nation to establish this diabolical institution in America, and she also wants the glory of being the last one to abolish it. In vain, a great French writer, Édouard Laboulaye, seemed to have prophesied a few years ago the revolution of these last colonies. He wrote,Slavery is the supreme injustice, the most excessive violence, the most detestable tyranny. It is up to the whole world to denounce it as anathema and to condemn any nation that is guilty of such “lèse-humanité.” The end of the nineteenth century is approaching, a troubled century, a century where good and evil have blended together. May it at least have the glory of vanquishing slavery and of making “the equality of men” not hollow words but a fertile and glorious truth!After eighty years, a court that has done more for the triumph of truth and justice than all the sovereigns of the Earth have done during centuries of absolute power was established in the world. This court is the court of public opinion.Everyone, the people as well as kings, must appear before this court. There, victims and martyrs are heard, and executioners and tyrants are forced to justify themselves. It is up to all of us, Europe and France, to evoke this final jurisdiction. . . . Today Spain stands accused, and she has to defend herself; our duty is to repeat the accusation against her, to force the Spanish government to speak and act.15Allow me to tell you, then, that it is not only up to Europe, it is not only up to France to support and win the success of this holy cause. Who, then, are the people who, more than anyone else, have the right to take up the defense the oppressed? Your hearts have already spoken: it is Haiti, it is yourselves. You are Freemasons, you are Haitians, you are men of equality, you are the sons of those great citizens who first won civil and political rights for their race. Thus, you are worthy of understanding better than other men this courageous liberating army, in which all the races mixed together fight today for the honor of upholding, for Cuba and against Spain, the same flag with which you led Haiti to victory against all of France’s power. There are no longer slaves or owners in the Republic of Cuba, there are only citizens; there are no more distinctions or privileges between blacks and whites, there are only criollos.16 They all are fighting for the same principles. It is a war of independence that advances alongside a social war, and both wars are carried out in the most perfect agreement against the tyranny of the government and the master’s tyranny, represented by the Spaniard.I believe that it is not the Haitians, whose parents also had the Spaniards as enemies, who will deny their sympathy to the children of Cuba and Puerto Rico. This is nothing new; for years the Cubans and Puerto Ricans have offered a historically unique and indomitable model of persistence in calling for the abolition of slavery. Allow me to tell you with a joyful heart that, when the Spanish government appointed in 1866 a commission composed almost entirely of criollos in order to identify the colonies’ needs, this commission clearly demanded the abolition of slavery, with or without compensation.17 Spain did not consent to it. Let me also share with you that the humanitarian sentiments of the criollos have been translated into the constitution of the Republic of Cuba. Its founders, almost all of them Freemasons, signed the following articles:Article 24: All the inhabitants of the Republic of Cuba are completely free.Article 25: All citizens are considered soldiers of the Liberation Army.18But Spain, as terrible as always, the same one that at the beginning of the century took advantage of civil discord to attack Haiti, the same one that handed Ogé over to be drawn and quartered, the same one that bought from a few leaders, whose names will forever live in infamy, the black soldiers of the Republican army, the same country that enslaved those who had the misfortune to cross the border to Santo Domingo, the same one that sent from Havana trained dogs to chase men of the African race and chew them to pieces in the sand.19 Spain is still fighting in Cuba to maintain military despotism and slavery over all the nation’s natives, be they black or white. It is said that when Napoleon sent his best troops to his colony, one of the Haitian leaders, upon seeing that formidable fleet carrying the soldiers who had made Europe tremble, cried out, “All of France is hurling itself at us, but we are fighting for Justice!” And Justice was done. Our honorable leader President Carlos Manuel Céspedes speaks today in this manner, as he contemplates the imposing forces deployed by Spain.20 And Justice will be done.Therefore, my brothers, we find ourselves here so united through the past that I cannot produce a description of Cuba without finding it already recorded in the annals of the history of Haiti. We may no longer separate our present moments. I repeat once more, from one

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