Dieu n’habite pas La Havane par Yasmina Khadra
2017; American Association of Teachers of French; Volume: 91; Issue: 1 Linguagem: Francês
10.1353/tfr.2017.0469
ISSN2329-7131
Autores Tópico(s)Caribbean and African Literature and Culture
ResumoReviews 269 à retrouver le fil de l’histoire et à reposer la question du bien commun. On est ici très proche de l’écriture de théâtre, pratique indissociable de l’art de Kaplan. La lecture de ce livre constituera une excellente contribution à une étude de la France contemporaine. Si ce n’est pas encore chose faite, voici une invitation à la découverte d’une écrivaine franco-américaine de grand talent. Ralston Valley High School (CO) Christian Roche Khadra, Yasmina. Dieu n’habite pas La Havane. Paris: Julliard, 2016. ISBN 978-2260 -02421-7. Pp. 295. Après La dernière nuit du Raïs consacré à la chute du dictateur libyen Kadhafi, Khadra renoue avec l’amour, thème déjà abordé dans son œuvre, notamment dans Ce que le jour doit à la nuit (2008). Dieu n’habite pas La Havane raconte les tribulations de Juan Del Monte Jonava, dit “Don Fuego”, un hippie de cinquante-neuf ans aux cheveux toujours longs. Il chante la rumba depuis plus de trente-cinq ans, vit avec sa sœur et pense finir ses jours tranquilles en retraité dans la capitale cubaine. Son père n’a pas fait la révolution guévariste car celle-ci “se contentait d’inverser les tyrannies au lieu de les renverser” (11), mais il lui a transmis quelques leçons de la vie:“Mourir pour un idéal, arguait-il, c’est confier cet idéal aux usurpateurs; les orphelins auront beau le réclamer, personne ne leur rendra” (11). Hélas pour lui, son monde s’écroule lorsque le gérant du cabaret Buena Vista où il se produit lui annonce un changement de direction. Entrées dans la privatisation, les villes cubaines sont en train de passer des vieux marteaux communistes à de nouveaux patrons floridiens qui n’hésitent pas à licencier bureaucrates et autres pistonnés du Parti unique. À l’aube de la soixantaine, Don Fuego se retrouve donc chômeur en pleine transition vers l’économie de marché. À part chanter, il ne sait rien faire, et aucun employeur ne vient lui proposer d’emploi. Il ne lui reste plus que l’amitié de son compagnon Panchito, roi de la trompette, lui aussi déchu. Un jour, grâce à un ami, lors d’un concert pour Fidel Castro, il fait la rencontre de Mayensi, une belle fugueuse de vingt ans, rousse intrigante et très mystérieuse. Bien qu’ayant l’âge d’être son grand-père, Fuego la prend sous son aile, la protégeant un peu trop pour éviter d’en tomber amoureux:“Le malheur vient de la grossière erreur de voir le monde tel qu’on voudrait qu’il soit et non pas tel qu’il est” (206). Dieu n’habite pas La Havane pourrait se passer aussi bien à Alger, à Oran, à Berlin-Est ou à Prague quand, dans les années de plomb, les artistes bien-pensants n’étaient que de simples bureaucrates du parti, et où les plus médiocres d’entre eux ont encore pignon sur rue. Ce n’est pas qui “on est” mais surtout qui on “con-nait”, qui compte. Don Fuego nous apprend, lui, qu’il faut continuer à rêver et ne pas perdre espoir. Car l’essentiel n’est-il pas de bien faire son métier? Avec beaucoup d’humour, d’autodérision propre à la rue algérienne, de lyrisme et de poésie, Khadra nous offre un très beau roman. University of Wisconsin, Stevens Point Alek Baylee Toumi Lang, Luc. Au commencement du septième jour. Paris: Stock, 2016. ISBN 978-2-23408185 -7. Pp. 544. La Genèse nous apprend que le Dieu de l’Ancien Testament acheva son œuvre au septième jour pour se reposer une fois son travail accompli. Pour les personnages du roman de Lang, toute la gageure est de pouvoir survivre avant d’atteindre ce moment de plénitude. La référence biblique et quasi prophétique du titre annonce une œuvre profonde à la teneur eschatologique double: d’une part la critique d’un monde occidental implacable, obsédé par le profit et l’asservissement des hommes; de l’autre l’histoire d...
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