Artigo Revisado por pares

Les Noirs dans le cinéma français: de Joséphine Baker à Omar Sy par Régis Dubois

2017; American Association of Teachers of French; Volume: 91; Issue: 1 Linguagem: Francês

10.1353/tfr.2017.0415

ISSN

2329-7131

Autores

Marie-Magdeleine Chirol,

Tópico(s)

French Historical and Cultural Studies

Resumo

Ainsi la prose de Proust peut-elle se (re)donner/penser dans une imagination qui relève du cinéma: il s’agit de voir les images et les temps derrière les mots et les phrases (679). Proust est donc cinéaste, sans guillemets. Autant dire que la différenciation de l’écriture devient cinéma, dans ce sens où l’idée qu’elle mue se joue entre des plans multiples qui exigent l’interprétation. DePauw University (IN) Marius Conceatu Dubois, Régis. Les Noirs dans le cinéma français: de Joséphine Baker à Omar Sy. La Madeleine: LettMotif, 2016. ISBN 978-2-36716-166-2. Pp. 246. Dubois retrace l’image du“Noir”à travers l’histoire du cinéma français, depuis les “vues” des frères Lumière en 1896 jusqu’à nos jours. Présentant les sources des stéréotypes de l’Autre dans l’idéologie coloniale, l’auteur fait d’abord le panorama de l’histoire du cinéma français en douze courtes sections accessibles à un large public. Dubois donne ensuite la parole à dix-neuf comédiens dont il cite les propos recueillis entre 1989 et 2015. Enfin, un dictionnaire sélectif d’acteurs et de réalisateurs fait honneur au parcours de ces artistes du septième art dont les films ont été entièrement produits en France. Dans la partie chronologique, les références historiques et socioculturelles , servant de trame à la démarche de l’auteur, offrent un contexte et des repères précieux. Pendant les vingt premières années du cinéma (1895–1915), des frères Lumière à Louis Feuillade en passant par George Méliès et Alice Guy, le stéréotype clownesque ou exotique du Noir domine—par exemple Footit et Chocolat dans Chaise à bascule (1899).Avec l’influence du jazz, du charleston et de“l’art nègre”, Joséphine Baker devient la première star noire du cinéma français, bien que “Métisse érotisée, mais neutralisée, victime inoffensive et objet de désir”(25). Des années 1930 à 1960, le cinéma colonial mêle“images de‘bons sauvages’ [...] et discours vantant les bienfaits de la colonisation” (28). Dans les années 50 et 60 retenons Afrique-sur-Seine (1955), premier film d’un réalisateur Noir, Paulin Vieyra, aidé par Mamadou Sarr, et les réalisations anticolonialistes La noire de... (1966) de Sembène Ousmane et Soleil Ô (1967) de Med Hondo. Mais tandis que dans les années 70 les États-Unis voient naître avec la blaxploitation un cinéma d’identité où des Afro-Américains jouent des rôles de premier plan, l’auteur déplore que “le cinéma français, pétri de résidus d’idéologie coloniale, ne [propose] le plus souvent [aux acteurs Noirs] que des rôles d’objets sexuels” (57). Le climat social aidant (visibilité de Yannick Noah, Marius Trésor, Michael Jackson et le slogan “touche pas à mon pote”), un tournant s’opère dans les années 80:“Black”rime avec“cool”(59). Greg Germain décroche le premier rôle de la série télévisée Médecins de nuit (1978–86), Euzhan Palcy est césarisée pour Rue casesn ègres (1983) et des cinéastes telle Claire Denis recrutent des Afrodescendants dans des rôles non caricaturés. Enfin, les vingt dernières années marquées par le rap et les cultures urbaines voient l’apparition du film de banlieue avec distribution multi210 FRENCH REVIEW 91.1 Reviews 211 ethnique et le succès historique d’Intouchables (2011), pour lequel Omar Sy décroche en 2012 le César du meilleur acteur. Parmi les films récents de cinéastes afrodescendants , Dubois distingue trois genres (historique, drame social, comédie) et évoque un cinéma identitaire, voire communautaire, indépendant. Spécialiste du cinéma américain, l’auteur compare le cinéma français et étasunien sur des questions d’identité puis aborde, selon cette approche, deux films à succès, Intouchables et Bande de filles (2014) à partir de leur revue médiatique. L’expertise...

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