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Jomard, Francœur et les autres… Des polytechniciens engagés dans le développement de l’instruction élémentaire (1815-1850)

2014; Issue: 54 Linguagem: Francês

10.4000/sabix.1128

ISSN

2114-2130

Autores

Renaud d’Enfert,

Tópico(s)

Historical Education Studies Worldwide

Resumo

Bu l l e t i n SABIX N°54 -Edme-François Jom a r d ( 1 7 7 7 -1 8 6 2 ) un « Égy p t i e n » d e p o ly t e c h n i q u e Jomard, l'enseignement mutuel et la société pour l'instruction élémentaire L'engagement d'Edme-François Jomard en faveur de l'instruction primaire est inséparable de son implication, à partir de 1815, dans l'introduction et le développement en France du système d'enseignement mutuel, dont il fut l'un des plus fervents promoteurs tout au long de sa vie.Déjà, son voyage en Angleterre, en mars et avril 1815, lui a permis de découvrir les méthodes anglaises pour l'éducation des « enfants pauvres », la mutual tuition d'Andrew Bell et le monitorial system de Joseph Lancaster, deux pédagogues britanniques dont les principes sont en vigueur dans des écoles londoniennes qu'il est amené à visiter.Sans nul doute, Jomard est impressionné.Faisant part de ses « réflexions sur l'état de l'industrie anglaise », il écrit, après s'être enthousiasmé pour diverses inventions observées outre-Manche : « Il y a cependant quelque chose de plus extraordinaire encore : ce sont des écoles sans maîtres : rien, pourtant, n'est plus réel.On sait à présent qu'il existe des milliers d'enfants enseignés sans maître proprement dit, et sans qu'il n'en coûte rien à leur famille, ni à l'État : admirable méthode qui ne peut tarder à se propager en France » 1 .Jomard n'est pas le seul à être conquis par ces méthodes anglaises d'enseignement mutuel où le maître confie aux élèves les plus avancés, appelés moniteurs, la charge d'instruire leurs condisciples.À la même époque, d'autres savants, des philanthropes, en ont aussi pris connaissance et militent pour leur introduction en France afin d'y développer l'instruction primaire.Plusieurs ouvrages sur la question paraissent en 1815.Le duc de la Rochefoucauld-Liancourt fait paraître le Système anglais d'instruction de Joseph Lancaster 2 , tandis que les comtes Charles Lasteyrie et Alexandre de Laborde -ce dernier a fait le voyage d'Angleterre -publient respectivement un Nouveau système d'éducation pour les écoles primaires et un Plan d'éducation pour les enfants pauvres 3 .La Société d'encouragement pour l'industrie nationale, à laquelle appartiennent ces derniers -et que Jomard rejoint bientôt 4 -, joue ici un rôle central.C'est en son sein, en effet, que prend corps l'idée d'introduire en France l'enseignement mutuel afin d'y développer l'instruction primaire.Dans un rapport « sur les nouvelles écoles pour les pauvres » présenté en mars 1815, son secrétaire, le baron Joseph-Marie de Gérando, propose ainsi de solliciter le tout nouveau ministre de l'Intérieur Lazare Carnot pour qu'il favorise « l'adoption des procédés propres à régénérer l'instruction primaire en France », c'est-à-dire le système d'enseignement mutuel.Il propose également la création d'une société dédiée spécifiquement à sa propagation 5 .Auparavant, Gérando a souligné les avantages des méthodes anglaises : avantage économique d'abord, puisqu'il s'agit d'« employer les enfants eux-mêmes, les uns vis-à-vis des autres, comme auxiliaires de l'enseignement » et qu'un seul maître suffit pour 1000 élèves ; avantage éducatif ensuite, puisqu'il est possible « d'enseigner, en deux ans, tout ce que les enfants des conditions inférieures ont besoin de savoir et beaucoup plus qu'ils n'apprennent aujourd'hui par des procédés bien plus longs » ; avantage moral et social enfin, dans la mesure où les enfants « se pénètrent de bonne heure du sentiment du devoir, sentiment qui garantira un jour leur obéissance aux lois et leur respect pour l'ordre social » 6 .Jomard, pour qui l'instruction du peuple est une obligation de la société vis-à-vis d'elle-même, ne dira pas autre chose : « Comment exiger d'infortunés, dénués de toutes lumières, qu'ils connaissent le pacte social et s'y soumettent ?ou comment pourrait-on, sans être insensé, compter sur leur invariable et aveugle soumission ?» 7 .

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