Des concours d’improvisation poétique chantée en Pays Basque, ou comment construire une identité culturelle
1996; Volume: 18; Issue: 2 Linguagem: Francês
10.7202/1087571ar
ISSN1708-0401
Autores Tópico(s)Cultural Insights and Digital Impacts
ResumoIl existe en Pays Basque des artistes de la parole. Ces artistes improvisent des poèmes nouveaux qu’ils chantent sur les mélodies de chansons anciennes. Ce sont des bertsulari, littéralement: des « faiseurs de vers ». Cette pratique est attestée de longue date dans l’ensemble du Pays Basque. Il ne s’agit pas pour autant d’une pratique propre à la culture basque. On en rencontre de nombreuses formes dans des contextes culturels bien différents (les ponts-neufs et les mazarinades du XVIIe siècle parisien, les chansons de Béranger au XIXe, les chjame e resportdi corses, les golgs catalans, les desafios portugais ou les trovos andalous...). Nous récuserons donc ce mythe encombrant que nous lègue le XIXe des folkloristes: celui d’une insularité du peuple basque, le plus ancien du continent européen, et de ses pratiques culturels.En fait, si la technique d’improvisation n’est pas originale, ce qui frappe en Pays Basque, c’est la très forte mobilisation sociale qui accompagne ces Jeux d’improvisation orale. Loin d’être aujourd’hui un genre traditionnel en voie de disparition, l’art du bertsulari fonctionne comme un emblème vivant d’une identité collective basque qui veux exister comme telle. Cet article consiste en une approche ethnographique de la ritualisation de la mise en spcetacle de cette parole à l’occasion d’une finale du championnat général des bertsulari du Pays Basque, le 17 décembre 1989, dans le vélodrome d’Anoeta, à Saint-Sébastien, devant 12 000 spectateurs. Une manière d’entrevoir comment aller écouter chanter des improvisateurs participe de la fabrication d’une identité culturelle fortement revendiquée.
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