Artigo Revisado por pares

France par Bruno Dumont, réal.

2022; American Association of Teachers of French; Volume: 96; Issue: 1 Linguagem: Francês

10.1353/tfr.2022.0162

ISSN

2329-7131

Autores

Anne Cirella-Urrutia,

Tópico(s)

Social Policies and Family

Resumo

Reviewed by: Francepar Bruno Dumont, réal. Anne Cirella-Urrutia D umont, B runo, réal. France. Int. Léa Seydoux, Blanche Gardin, Benjamin Biolay, Emanuele Arioli. 3B, 2021. Dans cette comédie satirique se déroulant dans le Paris contemporain, Léa Seydoux incarne France de Meurs, présentatrice vedette, et ivre de son pouvoir, d’une chaîne d’info en continu. Dès l’ouverture à l’Élysée, lors d’une conférence de presse réalisée à partir d’apparitions brèves du président Emmanuel Macron, elle pose des questions. Et puis, elle s’insère dans le vif du sujet de son émission, “Un regard sur le monde”, où l’entretien avec le chef d’une milice anti-Daech est volontairement escamoté. France dirige, produit et joue son contenu. Munie de casque et de gilet pare-balles dans les zones de conflit, ou à bord d’un bateau rempli de réfugiés, France réorganise la réalité pour augmenter son impact cinglant sur le spectateur. La représentation du paysage médiatique français est tout aussi désuète, se concentrant sur la télévision et les magazines à potins et la façon dont ils sont propulsés. Son unique assistante en studio, prénommée Lou (Blanche Gardin), qualifie la performance de France devant la caméra de “géniale”. À ses yeux, France est une star du cinéma français qui, dans maintes scènes, regarde directement la caméra—souvent en gros plan. Cela est dû en partie à la nature du travail du personnage que Seydoux joue à la perfection et qui a l’habitude de travailler devant un objectif en studio. Ainsi Seydoux interprète son rôle dans de multiples tenues affolantes et ne cherche pas à combler cette distance. Face à l’objectif de son caméraman (Marc Bettinelli), France a un visage qui révèle chaque émotion vacillante et semble victime de l’engrenage d’une entreprise superficielle. Mais si la représentation des médias et de leur fonctionnement est erronée, sa vie avec son mari romancier (Benjamin Biolay) et leur fils (Gaëtan Amiel) inspire un second drame plus accablant. Leur appartement bourgeois de la Place des Vosges ressemble moins à une maison de célébrités qu’au vestibule du Louvre où maintes œuvres d’art exposées donnent une impression de vacuité. C’est précisément le message que Dumont semble vouloir nous transmettre et qui nous frappe: la dissonance entre la monotonie des détails au quotidien et la beauté éternelle des œuvres dont ils s’entourent. De surcroît, le personnage vedette de France change lorsqu’elle blesse un jeune immigré (Jawad Zemmar) sur son scooter et que des témoins filment l’incident. Dès lors, France plonge dans une crise existentielle où elle devient le sujet d’actualités, brisée par ce que d’autres journalistes écrivent à son insu. Alors que le jeune homme se retrouve dans l’impossibilité de subvenir aux besoins de sa famille, France se rend chez lui et lui écrit un chèque. Ainsi, son personnage reste problématique. Dumont, qui a également écrit le scénario, garde une certaine distance par rapport à son sujet tout au long du film et impressionne par sa manière de parler de la capacité des médias (et du cinéma) à marchander une tragédie en échange d’argent. Car, bien que rayonnante, où France nous amène-t-elle précisément? Il s’agit bien de cette autre France, celle d’en bas, celle des travailleurs précaires et du chômage de longue durée. [End Page 278] Anne Cirella-Urrutia Huston-Tillotson University (TX) Copyright © 2022 American Association of Teachers of French

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